Mon avis

La mangaka s’attaque à un flou historique, c’est-à-dire que durant la période Sengoku, les samouraïs pouvaient être des femmes. Aucune loi ne l’empêchait. Pourtant au Japon, cette idée n’est pas si évidente. Un samouraï talentueux s’est fait une renommée légendaire, on le surnommait le Tigre des neiges. Dans les écrits des historiens, le Tigre des neiges est un homme, néanmoins, certaines traces comme les peintures, les écrits et les témoignages laisseraient supposer que c’était une femme.

La mangaka va explorer cette piste et nous présenter une héroïne à la place d’un héros de cette période. C’est assez intéressant parce que l’auteur a décidé de se mettre à la hauteur de deux catégories de lecteurs : les lecteurs passionnés d’histoire qui connaissent le sujet et les lecteurs débutants. Pour ces derniers, elle simplifie son discours. Elle nous dit, par exemple, à un moment donné, lisez en bas pour les débutants et lisez en haut pour les connaisseurs.

Effectivement, on a des bulles beaucoup plus détaillées en haut et d’autres, beaucoup plus simplifiées, en bas et ça permet de rentrer dedans. La seule chose qui me gêne, c’est que finalement, le côté des débutants est trop simpliste, mais en même temps, c’est très plaisant et ça permet de lire de façon plus posée.

Finalement, je me dis « pourquoi pas ? »

La mangaka nous présente le Tigre des neiges qui s’appelle Torachiyo. Ce prénom est un prénom de garçon. Ce principe n’est pas sans rappeler l’animée Lady Oscar. Sauf que son père ne l’oblige pas à se travestir en garçon, elle a simplement l’éducation d’un garçon. Au lieu de jouer du koto, elle travaille la stratégie avec son père. Elle montre dès sa plus tendre enfance une aptitude certaine à gouverner. Elle est intrépide ; une vraie tornade. Elle est volontaire, elle se voit déjà prendre les suites de son père et étendre son territoire. Elle est prête à défendre son fief, et ça tombe bien, car son père s’est fait énormément d’ennemis. Elle se devra d’assurer, sinon son règne risque d’être de courte durée. À ses portes, il y a des armées de samouraïs prêts à guerroyer et prendre leur revanche… En bref, ils l’attendent de pied ferme.

Son grand frère la voit-il comme une menace ? Elle est destinée à prendre sa place tout de même. Cependant, le jeune homme est soulagé, il peut se consacrer à la poésie et aux femmes sans les pressions de son géniteur. Il n’est ni intéressé par la guerre ni par les champs de bataille ainsi que les complots. Tout cela l’angoisse et l’exaspère. Il préfère jouer du tambourin avec la sœur aînée de Torachiyo au koto.

Effectivement, il n’a donc pas le profil du bagarreur ou du leader. Il est quelconque et le pouvoir l’ennuie. Le strict opposé de Torachiyo. Il voit d’un bon œil cette petite sœur au cœur de lion. Aucune rivalité ne les oppose, au contraire. Ils se charrient, mais avec tendresse.

À travers Torachiyo, la mangaka expose les pressions parentales sur leur enfant que ce soit garçon ou même fille à l’époque Sengoku. La grande sœur de Torachiyo est douce, posée et tendre, comme son frère, elle est dépassée par sa sœur. Pourtant elle a plus d’influence sur sa sœur qu’elle ne le croit. Leur relation m’a énormément touchée.

Torachiyo est une vraie pile électrique. Elle chasse. Elle désobéit, s’enfuit. C’est un électron libre. Elle accompagne à merveille le mouvement et les traits gais de la mangaka. Un mouvement euphorique !Les dessins sont mouvementés et pleins de bonne humeur, un peu comme Torachiyo. Cette gaieté est une bouffée d’air frais et elle permet d’aborder les champs de bataille et les morts avec moins de lourdeur.

Les traits de la mangaka sont sinon assez classiques, sans être exceptionnels. Cependant, ces profils ont un problème de proportions qui m’a clairement fait tiquer. Une fois repéré, difficile de ne plus le voir, mais l’on s’y habitue.

En résumé

C’est un début de saga très intéressant, instructif et qui apporte un point de vue intéressant et original sur l’histoire du Japon. La mangaka et ses personnages donnent un ton assez gai à cette histoire que je continuerais avec plaisir. Les dessins m’ont plu dans l’ensemble même si les profils sont bizarres.  

Note

Synopsis

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