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Belles de Shanghaï d’Amy TAN

Cher(e) voyageur(e), une fois n’est pas coutume, nous commençons par une histoire de lecture.

Je ne sais pas comment te le dire, cher(e) lecteur (rice) comment je suis tombée sur ce livre, parce qu’en vrai rien ne m’a attiré à part le titre et la couverture. J’avais également besoin de dépaysement et l’histoire se passait en Chine. 

Les éditions Charleston m’ont habitué à des histoires d’amour mêlées soit au genre historique soit au genre contemporain. Quelle ne fut pas ma surprise en m’apercevant que ce n’était ni l’un ni l’autre. Ce roman est une fiction historique romancée, l’histoire d’une famille de mère en fille. Ce n’est pas un roman d’amour. Pourtant il apporte son lot de douceur, de croquant, de drame et d’amertume. Ce roman saura t’emporter dans un monde de soie, d’étoffes colorées et de raffinerie. 

Mon avis

Je n’en ai jamais parlé sur le blog, mais j’ai eu une période où je lisais beaucoup sur le milieu asiatique. Ma mère et ma tante m’ont conseillé plusieurs romans se passant en Asie entre Chine et Japon. J’avais découvert Pearl Buck et sa « Trilogie de la Terre chinoise » grâce à ma mère et « Le clan des Otori » de Lian Hearn par ma tante. J’ai poursuivi avec des lectures par-ci par-là et d’autres livres de Pearl Buck. Cette auteure m’a beaucoup impressionnée. Si je t’en parle, c’est que Belles de Shanghaï m’y a fait penser par certains aspects. Amy Tan comme Pearl Buck se concentre sur la condition féminine, cruelle, mais héroïque. Elle ne fait pas dans la dentelle pour la dépeindre. 

Avec Pearl Buck, ce n’était pas rose du tout entre les petits bandés, les poitrines bandées et le fait d’accoucher au milieu des champs, de laisser le bébé et de continuer à travailler. Ma lecture remonte à une dizaine d’années, mais ses scènes se sont imprimées dans ma mémoire. Pourtant, Pearl Buck avait une plume très humaine, très empathique, qui m’avait absolument subjuguée. La plume d’Amy Tan est très similaire, elle est douce et corrosive. Son récit est fait de drame humain, auquel il ne manque pas de rayon de soleil et d’un peu d’espoir. Amy Tan a su trouver le bon équilibre, ainsi qu’un rythme tantôt lent tantôt rapide, de quoi rendre le tout très addictif. 

Violet Minturn est une jeune fille curieuse, élevée au milieu des courtisanes. Sa mère est la patronne de la maison close. Elle a beau essayer de préserver sa fille de cette vie. Celle-ci brave les interdits et espionne les courtisanes. Elle ne comprend pas toutes les scènes qu’elle entrevoit. 

Elle a des questions d’enfant : qui est son père ? Pourquoi ne l’a-t-elle jamais vue ? Certaines rumeurs laissent supposer que son père est chinois, cela fait d’elle une enfant métisse, car sa mère est américaine. Certaines courtisanes au service de sa mère sous-entendent qu’elle est inférieure ou qu’elle doit taire ses origines. Mais quel mal y a-t-il à être métissé ? Préférerait-elle être chinoise ou totalement américaine ? Elle a une dizaine d’années, plein de questions dans la tête et une identité encore à définir quand un homme vient tout bousculer. 

Cet homme a ravi le cœur de sa maman. Violet sent l’arnaque sans y croire. Sa mère ne voit plus que lui. L’amour rend aveugle pour le meilleur et pour le pire. Lili Mimi est prête à prendre le bateau pour l’Amérique avec sa fille. Violet a peur, mais elle espère secrètement que cela éloignera sa mère de cet homme. 

Je m’arrêterais là dans l’histoire, car j’ai envie qu’il vous reste des silences, des interrogations et une envie dévorante de connaître le destin de cette mère et de sa fille. La 4e de couverture n’a pas trop fait cela avec moi. Elle a gâché le plaisir de la découverte. Elle résume bien un cinquième du roman. Heureusement que l’absence de surprise est compensée par une plume et un personnage attachant dans sa différence et ses aventures.  

Le cœur de Violet a le pouvoir de rester ingénu malgré les épreuves. Elle est rêveuse et prête à changer son destin et s’ouvrir à d’autres possibles. Sa vie sera faite de rencontres, d’amour, de relations amicales, et de prévenance. Ce personnage a tout de la grâce tranquille, mais imposante. Cependant, attention, elle peut faire feu de tout bois. Tu l’auras compris, elle m’a impressionné par son panache et sa prestance. J’ai appris à l’apprécier et à comprendre cette gamine qui épie les clients de sa maman et amie avec une chatte antipathique. 

Amy Tan s’attaque aux racismes sous toutes ses formes. Elle montre que quand deux peuples se rencontrent le racisme est des deux côtés. Nous tolérons la présence de l’autre, mais si les relations sont trop étroites, le racisme explose et refait surface. Elle est crue dans ses propos, affichant les propos des Asiatiques ou des Américains dans toutes leurs cruautés et nudités. Cela peut être lourd et en même temps, elle joue aussi avec des personnages plus ouverts d’esprit et à l’écoute comme Citrouille magique. Elle est une amie et un soutien indéfectible pour Violet, tantôt cruelle, mais elle s’adoucit et est tantôt maternelle. Leur duo est une force de la nature. 

Le rythme de ma lecture a connu une baisse de régime vers la fin. Enfin, plutôt mon intérêt, il y a un rajout introduit avec maladresse et qui traîne en longueur. Cette impression s’efface au profit des pages qui tournent et de l’histoire qui reprend les devants de la scène. 

En résumé

Cette fresque familiale est très, très belle, parfois cruelle, parfois tendre. Cher(e) lecteur (rice), elle t’emmène en Chine dans les bas-fonds et les quartiers chics. La soierie, les couleurs et la tendresse règnent dans le monde cru des courtisanes. L’auteure montre le monde de la prostitution sans tabou, mais sans vulgarité. Le drame est présent. Il m’a donné envie plus d’une fois de protéger Violet de ses monstrueuses tentacules. Je te le conseille, cher(e) lecteur (rice) fortement.

Note

Note : 4.5 sur 5.

Citation

J’observai à la jumelle tous les Chinois qui fréquentaient le salon du Chemin de Jade Secret. Il s’agissait des hommes le plus cultivés, les plus riches et les plus puissants de la ville. L’un d’eux était-il mon père ? Je surveillai ma mère pour voir si elle se montrait plus affectueuse ou plus froide avec l’un d’entre eux, mais elle semblait s’intéresser autant aux uns qu’aux autres. Elle accordait à tous un sourire spécial, son rire le plus intime, ses paroles faussement sincères.

Je ne connaissais qu’un seul Chinois avec lequel elle était vraiment honnête et respectueuse : Oeuf fêlé, le portier.

Synopsis

Si vous avez aimé vous aimerez et inversement :

Les carnets de l’apothicaire T1 de Hyuuga NATSU

D’autres avis sur la toile

  • Un avis un peu moins enthousiaste que le mien, elle a été plus touchée par la perte d’intérêt que moi. Carnet Parisien parle de la dernière moitié donc attention un peu de spoil.
  • Un avis plus dithyrambique plus dans l’aspect social et historique du roman chez Kloliane.
  • Les instants volés à la vie plus nuancée mais quand même transportée.

D’autres livres de l’auteure

J’en ai un dans ma PAL effectivement:

Résumé en image

Temps de lecture

6 minutes

Bonne lecture !

Les paravers de Millina

Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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7 commentaires

  1. […] Belles de Shanghaï d’Amy TAN […]

  2. Ah je ne connais pas non mais je viens d’aller voir sur Babelio et je me suis notée « vent d’est, vent d’ouest ». 😊

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