Mon avis

Cendrillon est morte. C’est mon troisième « De Saxus ». C’est le plus prometteur des trois jusque là, parce que concrètement, j’avais été assez déçue par « Terres Brisées » et « Sorcières d’or » à cause de leur manque de profondeur et d’action. Sorcières d’or avait ce gros défaut, le résumé spoilait les deux tiers de l’intrigue. Après ces deux déconvenues, j’ai commencé « Cendrillon est morte » persuadée d’être déçue. Mes attentes frisaient le zéro, parce que je me disais de toute façon, voilà, ces 330 pages qu’il faut que j’avale parce que c’est un service presse.

Finalement, la troisième, c’est la bonne, car déjà, le personnage principal a du peps. Elle est atypique, une héroïne du quotidien avec un esprit critique et de belles valeurs. Elle est concrètement très différente de Cendrillon (Disney), elle ne récure pas la maison du sol au plafond. Elle est simplement elle et comme toutes les jeunes filles de son âge, elle est conviée au bal pour être choisie et mariée. Toute petite fille ou ado rêve d’aller au bal, mais pas notre protagoniste.

Le conte de fées est érigé en règle de vie. Les jeunes filles, qui se retrouvent sans mari au bout de trois bals, doivent aller à la mine de charbon. Toute personne désobéissante est bannie ou tuée. Le gentil conte de fées est une façon d’opprimer la population. C’est un peu comme le patriarcat qui use et abuse de ses contes de fées pour créer l’image de la femme parfaite, mais poussé à l’extrême. Et si une fille aimait une autre fille, que se passerait-il ? Brrr, j’en ai des frissons dans le dos.

Et ce conte de fées qui régit leur vie, est-il basé sur une histoire réelle ? Quelle est l’histoire à l’origine du mythe ? Peut-on croire à cette fable digne du monde des bisounours ? La vraie Cendrillon est-elle allée volontairement au bal ? A-t-elle tourné le dos à sa belle famille de son plein gré ? D’autant que contrairement au Conte de Perrault, elle s’entendait bien avec ces belles-sœurs. 

Notre héroïne principale ne rentre dans aucune case. Son rêve, ce n’est pas d’épouser le prince, mais au contraire, d’épouser la princesse. Cependant, ces parents comme la société lui font clairement comprendre que ses désirs ne comptent pas. La société veut des couples hétéros, les autres couples feraient tache. Ces parents l’aiment, mais ils ne veulent pas perdre leur fille et pour cela elle doit abandonner l’idée d’épouser la princesse ou Erin. Entre l’amour et la mort, sa route est déjà toute tracée.

Dès les premières pages, l’héroïne est tiraillée entre devoir et amour, elle est prête à se rebeller, mais elle n’envisage pas de perdre ses parents. Elle est très partagée. Sofia, elle aimerait bien épouser Erin, néanmoins celle-ci ne semble pas prête à faire de même. Leur amour est-il non partagé ? Sofia a un esprit libre. Elle imagine un futur en fuite, mais avec son amoureuse. Ah bas, le bal de Cendrillon ! 

Sans m’identifier aux différents personnages, j’avais envie que Sofia trouve le bonheur avec Erin ou quelqu’un d’autre, parce qu’elle le mérite. Elle est entière. Si je ne me suis pas identifiée aux personnages, car ils manquent de profondeurs et d’émotions. Certes, on sent que Sofia est dans la tourmente, qu’elle est incomprise, néanmoins je ne me suis pas sentie impliquée. Je ne suis pas une drama-queen, mais un peu de drama est une bonne façon de souligner l’aspect tragique de l’intrigue. Cela m’aurait permis de ressentir une boule au ventre quand Sofia se sent trahie. Ou encore le cœur qui bat à la chamade quand elle fuit !

On le sent, mais pas comme si nous, on était concernés. Alors pour que ce soit un coup de cœur, j’ai besoin de me sentir concernée, de sentir cette boule au ventre qu’à Sophia de ne pas être en couple pouvoir finir avec son Erin. Imaginée qu’Erin n’assume pas sa différence face à la société, ne frôle même pas l’esprit de Sofia. Cette réalité la rattrape. Triste. Crue. Cruelle. Tous ses baisers échangés, ces confidences, ces caresses ne signifient-ils rien ? Face à une telle situation, mon cœur de lectrice aurait dû se serrer, n’est-ce pas ? Et là rien, juste une pointe de questionnement et des doigts croisés. 

Effectivement, ce ne sera pas le récit de l’année, parce qu’il a quelques défauts, mais avec de très bonnes idées. Sofia est un personnage principal assez fort et touchant.

La plume est finalement prenante, rythmée et elle va droit au but sans temps morts.

En résumé

Un début très prometteur, il me réconcilie avec la maison d’édition, elle m’avait assez déçue avec Sorcières d’or et Terres brisés T1. Je trouve le rythme, une histoire étoffée et où les repères sont identifiables tout en gardant une part de mystère. J’aime cette réécriture qui nous donne un point de vue intéressant sur ce conte. Ah bas, le prince charmant et vive la reine !

C’est une très bonne lecture. Cette réécriture de Cendrillon transforme le conte donnant finalement à cette princesse Cendrillon un rôle plus actif que dans le conte original. Son histoire prend une tournure plus réelle et critique de la société et du patriarcat. L’oppresseur est un homme cruel et un dictateur surtout pour les femmes. Sofia sera-t-elle à la hauteur de la tache ? Contrairement aux princesses Disney, Sofia s’illustre par sa différence. Ce « De Saxus » m’aura plus convaincue que les précédents.

Note

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