Les Vertueux de Yasmina KHADRA

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Je n’ai pas lu de livres de Yasmina Khadra un petit bout de temps et j’avais commencé à renouer avec l’auteur à travers son interview avec Catherine Lalanne dans le baiser et la morsure. Quand j’ai vu les vertueux en audio, je me suis dit : « pourquoi pas, c’est l’occasion ? ». L’extrait audio a fait le reste. Il était vivant et la voix du narrateur Slimane Yefsah me plaisait plutôt bien. Sa voix remue. Elle prend à partie. On frissonne. Yasmina Khadra ne pouvait trouver mieux pour son roman. Quand le narrateur me plait, je suis sûre à 50 % que le livre va me plaire. C’est plutôt de bon augure, donc j’étais confiante.

Est-ce que cet extrait a été à la hauteur de mes attentes ? Oui c’était plutôt une bonne idée même si je ne m’attendais pas à autant de thématiques. Je m’explique. Yacine est un gamin d’un petit village algérien. Il a un papa manchot qui trime deux fois plus que les autres pour faire vivre sa famille de cinq enfants. Yacine est un jour convoqué par le Caïd Gahil Brahim. Entendre son nom suffit à faire trembler les adultes. Yacine n’en mène pas large. 

Yacine se voit proposer ou plutôt imposer de partir à la guerre à la place du fils du caïd. Il se fera appeler Hamza. Il ira guerroyer pour la France. Le caïd ne lui laisse pas le choix. C’est un ordre. Yacine se rebelle. Le caïd l’amadoue avec des terres et des promesses de richesses pour lui et sa famille. La question qui nous taraude : mais comment a-t-il pu répondre présent ? Comment a-t-il pu dire « oui, je vais y aller à la place de votre fils » ? Seulement, quand il a répondu présent, la guerre venait de commencer. L’horreur ne se savait pas. Puis, Yacine a 21 ans, la guerre, il ne sait pas ce que ça signifie. Il a dit oui, mais il n’avait aucune idée le pauvre gamin de ce qu’il allait affronter au front.

Durant la Première Guerre mondiale, il transperce l’ennemi avec sa baïonnette. Il essuie des éclats d’obus. Et surtout, le caïd représente la menace la plus vivace et la plus imminente. La guerre est juste un nuage au loin que l’on aperçoit de manière indistincte. Le caïd pouvait faire le bonheur et le malheur de sa famille en un claquement de doigts. Hamza son fils ne pouvait y aller. Le pauvre avait une maladie du cœur donc en soi, il faisait le bien pour sa famille et puis surtout le caïd.

Il aurait des terres en retour. Son futur serait plus radieux. Yacine, fils de paysans, ne pourrait devenir propriétaire terrien. Gahil Brahim lui offrait un futur et un rêve d’indépendance. Seulement, pour cela, il faut revenir du front en un seul morceau. Gahil Brahim tiendra-t-il sa promesse ? Et ses parents dans tout cela ? Reviendra-t-il triomphant et acclamé ? 

Je m’attendais à ce que Yasmina Khadra parle uniquement de la Première Guerre mondiale. Pourtant, il abordera le retour à la vie civile. Le retour de Yacine dans son village. Mais aussi de l’Algérie, un pays qui a envoyé ses fils au front pour les voir revenir défigurés, malmenés et habités. La galère a commencé avec la guerre, mais la paix n’y a pas mis fin. Peut-être que cette guerre donnera à L’Algérie des envies d’indépendance. Yacine se laisse porter par ses vagues de mécontentement, ses espoirs et ses craintes. L’amour passera son chemin et reviendra ardent et évident. Yacine devient un homme sous nos yeux. J’avais envie de le préserver, je l’ai compris et respecté. Je peux dire que je me suis attachée à ce personnage. 

En résumé, ce livre ne se cantonne pas à la guerre, il parle de l’après-guerre. Yacine offre un regard brut et sans jugement. Il nous offre une belle histoire aux goûts amers parsemés aux notes de douceur.