
Fragment de livre en guise de mise en bouche :
« Karigan songea que la morphie avait été vraiment très agréable, terrassant la douleur pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité. On ne comprend vraiment combien la douleur nous coûte que lorsque l’on en est libérée et que l’on sent la différence. Elle s’était laissé bercer, s’était abandonnée au monde flottant de la substance et avait dormi d’un sommeil de mort dénué de rêves ou de visions.
Mais lorsque la douleur revint la harceler, elle émergea des profondeurs de son repos. Peut-être retrouverait-elle, dans le monde de l’éveil, cette morphie qui la préserverait de la souffrance envahissant son corps avec une intensité croissante.
En entrouvrant les yeux, elle distingua un halo ambré qui lui rappela la lumière de l’aube filtrant par sa fenêtre dans les baraquements des Cavaliers pour éclairer le plancher.
Les baraquements des Cavaliers. Était-ce là qu’elle se trouvait ? Était-elle rentrée chez elle après avoir vécu des aventures franchement atroces ? Se pouvait-il que l’incendie, et tout ce qui s’était ensuivi, n’aient été qu’un rêve ? »
Mon avis :
Une excellente tome et une superbe suite !
C’est une excellente lecture. Le résumé m’avait laissée sceptique, mais j’avoue que ce tome est au-delà de toutes mes espérances. L’auteure a su rebondir et le récit est tout aussi riche. Il est addictif : difficile de lire un autre livre à côté, voire impossible tant celui-ci a accaparé toute mon imagination et ma soif d’aventure. Si je m’écoutais, j’enchaînerais directement sur le tome 6, car je n’ai toujours pas le fin mot de l’histoire. Seulement, si je le fais, il faudra patienter longtemps avant le tome 7. Donc je vais étaler un peu ma lecture, surtout que le tome 6 est un bon pavé de plus de 1000 pages. Je ronge mon frein.
Il faut dire que l’auteure aime faire souffrir ses personnages entre deux accalmies — mais bon, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.
Un saut dans le futur !
Qu’est-ce que j’aime les sauts dans le temps ! Karigan m’a habituée à sa manie de côtoyer le passé et de danser sur le fil du temps. Alors le futur, pourquoi pas, même si cela peut être un peu casse-gueule comme sujet. Là encore, l’auteure m’a surprise, car elle s’en sort avec brio dans ce monde futuriste. Il fait froid dans le dos. Je n’ai pas pu m’empêcher d’espérer que Karigan réussirait à empêcher ce futur d’exister.
Les personnages du futur gagnent en complexité et amènent la lectrice/le lecteur à réfléchir sur plusieurs thèmes : les avancées technologiques, la politique, le système de castes, la position des femmes… C’est intéressant, révoltant, et Karigan s’enflamme puis se refrène. C’est magique !
Un monde du futur, de nouveaux visages… mais le passé n’est jamais loin
Karigan est perdue dans un monde où la femme est considérée comme un objet : loin des regards, loin des yeux, loin du cœur. Elles n’ont aucune place dans cette société. Difficile à comprendre pour Messire Karigan, Cavalier Vert de la Sacoridie. Comment expliquer à ces gens de l’Empire qu’elle vient du passé ? Ce monde ne connaît même plus la magie. Cela s’annonce compliqué.
Heureusement, certains habitants sont prêts à la croire. Parmi eux : le professeur Jefferson et Cade. Ils lui apportent un soutien précieux, mais ils ont également besoin d’elle et de ses connaissances sur la Sacoridie d’antan. Leur relation est complexe : elle se construit peu à peu, hésite, se balance… Dans quel sens va-t-elle pencher ? Karigan réussira-t-elle à retourner auprès de ses amis et de son roi, Zacharie ?
Les anciens visages présents en arrière-plan
C’est peut-être mon seul petit bémol : ils sont là, mais trop peu présents. J’aurais adoré avoir davantage de scènes avec le Capitaine Stèle, Fastion, Estral et Alton d’Yer. Estral et Alton m’ont particulièrement manqué.
Un sacré turn-over !
Je ne veux pas spoiler, mais j’ai adoré cette fin. Elle est tellement juste, même si elle est difficile à accepter. Elle est belle à sa façon.





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