La vie ne se danse jamais seul de Marie JOUDINAUD
Mon avis
Je vous l’avoue, la collection « Instant suspendu » de chez l’Archipel a fait jusque-là un sans-faute. Pour l’instant, je n’ai que des très bonnes lectures à déclarer ou des coups de cœur. Comme quoi. Je vous le donne dans le mille, celui-ci est un coup de cœur. Je l’ai principalement choisie grâce à la poésie du titre et je suis ravie de mon choix. C’est une lecture coup de poing. Je ne m’y attendais pas. Les personnages comme leur histoire m’ont prise aux dépourvues.
Le monde de la danse classique a toujours exercé sur moi, un attrait et une envie, mais c’est également un monde de perfection et d’attente de résultat, d’où mon choix de lecture. C’est ses attentes et cette perfection, qui explique que pour moi cela reste du domaine du rêve et non une activité que je pratique. L’auteure montre autant la beauté que la discipline nécessaire pour cette activité professionnelle, mais aussi la passion. Marie Joudinaud met en lumière cette dualité, ce tiraillement entre passion et angoisse de performance. Ce décalage est présent dans la suite du roman sous la forme d’une relation détériorée entre les deux sœurs de ce roman.
Susanne est une professeur dans un collège. Elle est également mère célibataire de Clara 11 ans. Ne vous trompez pas, elle a choisi d’être mère célibataire, elle entretient une relation d’amitié avec le père de sa fille. Nous sommes loin des querelles de divorcé avec la déferlante de haine et les enfants mal aimés. Sa fille et elle vivent en symbiose. Elles se suffisent à elles-mêmes. Susanne a perdu ses parents. Elle a surmonté le traumatisme comme elle a pu. Heureusement, il y avait Clara. Sa sœur n’est jamais revenue sur leur île à la suite de cet événement. Elle l’avait déjà quitté longtemps auparavant. Ce pincement au cœur de Susanne est devenu une déchirure. Susanne a enterré ses parents seule sans Thaïs. Sa grande sœur était trop occupée à briller sous le feu des projecteurs.
Leurs vies sont diamétralement opposées l’une à l’autre. Susanne vit sur une île, elle adore le plein air et faire du bateau. Thaïs est une femme de la ville, elle aime son effervescence, le feu des projecteurs, la vie à mille à l’heure. Cette différence dans les choix de vie installe cette distance entre les deux sœurs. Pourtant, Thaïs en a marre de répondre oui chef à son metteur en scène, elle pense qu’il se trompe, que son interprétation de l’œuvre de Tolstoï est erronée. Sa passion pour Anna Karénine de l’auteur m’a donné envie de m’y plonger aussi. Elle finit par le lui dire. Elle le fait sans volonté de lui nuire, mais le mal est fait. Il se sépare de son étoile. Thaïs se retrouve seule avec elle-même. Qu’est-elle si elle ne danse pas ? Avec ses questions plein la tête, elle se dirige vers l’île de son enfance ? Ses retrouvailles se passeront-elles sans éclat avec juste des embrassades ? Est-ce que Clara tendra les bras à cette tante inconnue ? La Kéa, maison de son enfance, lui permettra-t-elle de faire la paix avec ses fautes passées ?
Sur l’île de St Guirec, elle va apprendre à vivre avec elle-même et pour elle-même. Elle est belle, touchante et aimante. Ce personnage est tendre et on apprend à connaître à travers Susanne, la Kéa et Clara. Les habitants de St Guirec lui font bon accueil surtout Ben, homme des montagnes au cœur tendre.
La relation des deux sœurs m’a subjuguée. J’ai adoré les suivre, les voir renouer et étouffer leur rancœur, jouer cartes sur table. Passer du temps en leur compagnie n’est pas de tout repos, mais c’est beau, un vrai cocon de bonheur et de larmes. Ben apporte sa douceur et ses lumières. Il est également un bel interlude, une histoire prometteuse. Quel sera le choix de Thaïs ? Son histoire d’amour avec les planches est-elle finie ?
Vont-elles apprendre à se pardonner et danser ensemble à nouveau ?
Ce n’est pas une histoire d’amour ou de passion, mais un retour aux sources et vers les gens qui compte vraiment. Cette histoire m’a émue aux larmes. Thaïs comme Susanne sont sensibles, aimantes et gauches entre elles. Elles pourront compter sur le soutien de Clara et de Ben pour raccrocher les morceaux, oser briser les silences et parler d’amour, de l’avenir et de chagrin.
Marie Joudinaud m’a percuté en plein cœur, bouleversé, ému, aux larmes, avec cette histoire, quand j’ai fermé le livre. J’ai eu envie de câliner Susanne et de chasser Thaïs, d’ouvrir les yeux à Clara et de prendre Ben par la main. Ses sentiments ont joué le jeu des chaises musicales passant d’un personnage à l’autre. Sa plume est belle, légère et poétique comme un cygne. Elle a construit son intrigue autour des non-dits, du drame et les fils sont tissés avec soin et logique. Comme une reine du crime, elle se prépare à nous briser le cœur tendrement, mais avec force. Je me tais, j’aimerais que vous soyez aussi surpris que moi.
En résumé
Courez, foncez, votre cœur sera emporté dans une incroyable danse et vous n’en sortirez pas indemne. C’est un coup de cœur. À travers ses lignes, nous sommes au bord de l’eau à St Guirec et spectateur d’un mélodrame familial aussi croustillant que cocooning pour nos cœurs guimauves. Aux gens qui comptent vraiment, à la famille et surtout aux erreurs que l’on fait tous, je vous souhaite un joyeux voyage.
Note
Citation
« Alors, Susanne sentit ses soucis s’évanouir : les travaux de la Kea, la crise d’adolescence dans laquelle allait entrer Clara, la disparition de ses parents qui la meurtrissait encore ; tout fut relégué au second plan et les regards jeunes et innocents qui se fixèrent sur les pages du livre qu’elle leur avait demandé d’ouvrir, prirent soudain, comme chaque matin, toute la place. »
Synopsis
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Zouck une autre âme à fleur de peau prête à tous les sacrifices pour la danse, Zouck trouve un drôle d’écho dans Thaïs.
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Résumé en image
Temps de lecture
Bonne lecture !
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