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Ce que tu as fait de moi de Karine GIEBEL

Mon avis

J’ai décidé de laisser mon avis à plus tard. Quand j’ai refermé ce livre, je ne savais pas vous dire si je l’avais adoré ou détesté. Je me suis laissé du temps. Je pensais en avoir besoin pour mûrir ma réflexion et avoir un avis plus tranché. Pourtant un mois après, j’en suis toujours au même point. Ce sera donc une de ces lectures inclassables. Cette lecture m’a mise à mal. Elle m’a fait tantôt ressentir de l’empathie avec le harceleur et tantôt le haïr pour son comportement inhumain. Pourquoi ? Comment peut-on ressentir de l’empathie pour Richard ? 

Ce polar est un huis clos où tout se déroule dans deux salles d’interrogatoire. Dans la première, nous avons une lieutenante de police Laetitia Graminsky et dans la deuxième, Richard, le patron de la brigade des stups, ils se livrent sans concession. Tout commence par l’arrivée de Laetitia dans la brigade. Elle a tout chamboulé, jusqu’à l’événement fatidique. Lequel ? Quelqu’un est mort ? Qui est le coupable Laetitia ou Richard ? Est-ce aussi simple que pile ou face quand la passion s’en mêle ? 

Richard est le grand patron de sa brigade. Olivier est son bras droit. La seule femme de la brigade est une certaine Nathalie, mère célibataire et peu avenante. Laetitia a tout donné pour intégrer la police. Ce stage, c’est le début du rêve. Il est loin de sa fille et de son amoureux Amaury, mais ils en ont besoin et elle y voit son avenir. Elle est enjouée, pleine de passion et elle n’a qu’une hâte : partir sur le terrain. 

Richard est un patron attentif, mais aussi sur la réserve à propos des compétences techniques de Laetitia. Elle est pour l’instant cantonnée au travail de bureau. Richard ne compte pas lui offrir ses chances surtout après ce fameux café où il a mis sa main sur la sienne. Un geste anodin, s’il n’y avait pas eu ce regard… Richard change. Elle aussi. 

Après plusieurs mois au placard, elle a enfin sa chance et tout bascule. Elle a fait une bourde. A-t-elle des chances de se faire sauver de son renvoi ? Va-t-elle commettre l’irréparable pour garder son poste ? Qu’est-ce qui la pousse à y penser ? 

Avant de commencer ce roman, je repoussais sa lecture. Je pensais que l’on parlerait de pervers narcissique et de harcèlement sexuel et moral. Ce sont deux sujets liés et surtout assez lourds. Ils le sont d’autant plus encore pour moi, car j’ai quelqu’un dans mon entourage a été victime de harcèlement moral et de deux perverses narcissiques dans le milieu médical. 

Le sujet me faisait d’autant plus peur que Karine Giebel est plutôt borderline dans sa façon de traiter la violence et la santé mentale. Avec elle, tout est nuance de gris, le criminel n’est pas toujours le plus mauvais et la victime n’est pas une simple victime. Les scènes de sexes sont très souvent des abus, avec parfois ce qui pourrait s’approcher d’un syndrome de Stockholm. Ce n’est pas toujours un point de vue facile à comprendre ou même tolérable pour certains. Ce tome ne fait pas exception, même si le statut de victime est plus clair. Si vous êtes féministe, certaines scènes sont choquées et peuvent vous heurter. Elles sont assez peu critiquées. Attention, les protagonistes ont quand même des moments de lucidité, la morale revient à la charge.

Si les nuances de gris sont très présentes chez nos deux personnages principaux et leur comportement logique dans leur folie, j’ai eu quelques difficultés à comprendre le revirement d’Olivier. J’ai eu clairement la sensation qu’il disait noir, puis d’un coup blanc. J’étais larguée, je suis revenue en arrière et rien. Je n’ai pas d’explications, mais au vu de l’utilisation du point de vue interne de Laetitia et de Richard, difficile de tout comprendre, mais ceci n’explique pas tout. 

Les protagonistes font tous les deux partie de la police, une façon bien à elle de dire que personne n’est à l’abri de ce genre de comportement, même du côté de la loi. Cette idée me fait penser à la série Damages sur les pervers narcissiques dans le milieu du droit. Bref, c’est pour moi une invitation à garder les yeux et l’esprit ouverts.  

Karine Giebel est-elle une féministe ou une antiféministe ? 

C’est une question que je me pose de plus en plus souvent, car ses protagonistes femmes sont aussi faibles que puissantes. Elles subissent des horreurs, mais se relèvent. Elles se font violer, ou manipuler à des fins de sexes et parfois elles aiment ça. Dépeint-elle l’être humain dans son ambiguïté ou cherche-t-elle à choquer pour faire réagir ? Une femme battue reste le plus souvent avec son mari violent. Il me bat, je le hais, mais je l’aime. Essaie-t-elle de comprendre cette ambiguïté ? Laetitia est plus au clair avec son statut de femme abusée, mais l’est-elle jusqu’au bout ? J’ai accroché à son personnage et à ses zones d’ombres. 

Me too du polar : https://www.sondekla.com/user/event/8768

Richard n’est ni faible, ni surpuissant, simplement humain, il a trouvé sa faille, sa passion le perd. Il la combat et puis déclare forfait. C’est un vrai cercle infernal infini. La passion le dévore. 

En résumé

Je ne sais pas si je vais vous rendre curieux ou vous dégouter de ce livre. J’ai essayé au mieux de vous transmettre les émotions de rejet, d’empathie et de compréhension qui m’ont traversé lors de ma lecture. Cette lecture va me travailler encore longtemps. Elle est inclassable. Une passion peut-elle vous faire basculer ? Libérera-t-elle toute votre noirceur ? 

Note

Inclassable

Citation

« On se rassure comme on peut. Il fallait que je me rassure, à tout prix.

J’ai repensé à notre plaisir, à ses yeux, à son sourire. J’ai évité de regarder la photo de ma femme et de mes gosses qui trônait sur mon chevet.

Une erreur de parcours ? Impossible de mentir.

Ce plaisir, je ne pourrais jamais l’oublier.

Cette fille, je ne pourrais plus m’en passer.

J’ai pris mon flingue, je suis redescendu. Olivier faisait le ménage, nettoyait les cendriers, jetait les bouteilles vides. Il avait mis la musique à fond, Guns N’ Roses en plein délire. Nous nous sommes dévisagés bizarrement. Nous partagions désormais quelque chose dont la force nous dépassait. Une expérience qui pouvait changer notre vie. »

Synopsis

Si vous avez aimé vous aimerez

Damages série crée par Todd A Kessler et Le diable s’habille en prada de David Frankle.

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(#513) Karine Giebel – Ce que tu as fait de moi

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Temps de lecture

6 minutes

Bonne lecture !

Les paravers de Millina

Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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6 commentaires

  1. […] Ce que tu as fait de moi de Karine GIEBEL […]

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