Fragment de livre en guise de mise en bouche :

Liane se désolait de voir sa fille si peu sportive toujours la dernière à courir, à sauter dans l’eau, à accepter une partie de ping-pong. La dernière à se lever de son lit, tout simplement, comme si la vie entière était contenue dans les pages des livres, comme s’il suffisait de rester là, à l’abri, à contempler la vie de loin. Malgré ses grossesses répétées, Liane gardait sa silhouette athlétique, charpentée, elle se tenait droite, la tête haute. Quelques années auparavant, elle avait déclaré devant témoins qu’elle serait encore capable d’exécuter le grand écart le jour de ses soixante-dix ans. Le pari avait été pris.

Mon avis :

Au début du roman, le récit est assez décousu et triste. J’avais du mal à me repérer dans l’espace-temps. L’auteure semble parfois hésitante quant au but de son livre, peut-être parce qu’il s’est construit petit à petit. C’est un véritable travail d’introspection et de recherche sur le passé de sa mère, et pourtant, le roman m’a happé.

Elle l’aborde comme une enquête minutieuse, ne laissant rien au hasard ni rien cacher. Elle cherche à comprendre ses racines, la vie de sa mère et peut-être à trouver le pardon. Elle fait part de sa culpabilité : aurait-elle pu ou dû agir autrement ? Mais peut-on prédire l’avenir ? Elle se livre avec pudeur, franchise et émotion, sans tomber dans le mélodrame.

L’honnêteté de l’écrivaine est saisissante, comme un café fort qui réveille : accrocheur et percutant.

Pourquoi l’ai-je lu ?
Pour sa thématique psychiatrique. La mère de l’auteure souffrait d’un trouble bipolaire, difficile à diagnostiquer et à gérer au quotidien. Les traitements sont complexes, et l’adhésion aux soins varie selon les périodes. L’auteure décrit les variations d’humeur, les conséquences pour l’entourage et les aidants, la peur des rechutes, des dépressions ou des périodes maniaques. Delphine de Vigan montre avec justesse la complexité de ces cycles et la crainte constante de la récidive : quand frappera-t-elle ? Combien de temps durera la phase ? Quel sera le lendemain ?

En résumé :

Cette enquête sur sa mère et cette introspection personnelle m’ont beaucoup plu. L’auteure ne cherche pas de coupable et ne dramatise pas ; elle retrace simplement la vie de sa mère et les événements ayant conduit à son suicide. C’est triste, émouvant, mais en même temps, une histoire de vie dont on ressort grandi.

Note : 4 sur 5.

Ami(e)s chroniqueur(e)s qui ont aussi chroniqués ce livre :

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