Boy’s Abyss T1 de Ryou Minemani
Mon avis :
J’avoue, le graphisme de la couverture est pour beaucoup dans le choix de ce manga. Je n’avais pas lu le résumé et le décalage entre la beauté de la couverture et le sujet assez morose, voire carrément morbide, est flagrant.
Reiji est un lycéen dépressif dans un bled pourri qui plus est perdu dans la cambrousse. Son grand frère les martyrise lui et sa mère. Et comme tout va par paire, sa grand-mère est sénile, incontinente et dépendante. Il sait que son destin est joué d’avance. Une fois terminé le lycée, il se cherchera un petit boulot payé avec des clopinettes. Il rentrera crever du travail et il faudra qu’il aide sa mère à s’occuper des deux parasites. En bref, une vie de merde ! Les journées au lycée se suivent et se ressemblent. Le temps s’écoule au rythme de ses conversations avec Tchako. Une amie au rêve doux-amer d’une vie meilleure, une vie à Tokyo loin des attentes, une vie libre ! Elle essaie de lui ouvrir les yeux. Elle partage avec lui le lot des laissés pour compte, des souffre-douleurs et des fans de girl’s band.
Tchako adoucit cet obscur dessin. Elle allège son quotidien. À deux, ils refont le monde, et rêvent de leur idole : Nagi Aoe. Pas moyen qu’il la rencontre dans son bled tout pourri.
Pourtant comme si c’était écrit, il la rencontre sur le pont des amants. Elle lui propose de mourir ensemble. Si c’était quelqu’un d’autre qui le lui proposait, Reiji le traitait de fou, mais là tout de suite, l’idée lui paraît séduisante.
À vous aussi, cette rencontre et ce scénario paraissent irréels, ce rebondissement semble tomber comme un cheveu sur la soupe et pourtant, il interroge. Et si ça nous arrivait, est-ce que l’on serait tenté de mourir avec notre idole ? Personnellement, je n’ai jamais été fan au point de connaître la biographie ou la vie d’une personne sur le bout des doigts. Je rêverais de rencontrer Hayao Miyazaki ou Pierre Bottero, mais s’il me proposait de mourir ensemble, je suis sûre que j’appellerai le 17.
Si j’ai beaucoup aimé comment la mélancolie et la voie sans issue qu’est la dépression sont dépeintes, je me suis plusieurs fois interrogée sur la tournure que prenaient les événements !
Le rapprochement et la connivence entre Nagi Aoe et Reiji sont bizarres et dissonants, je n’ai pas réussi à m’y faire. Les scènes classées X sont simplement malaisantes. Elles renforcent le sentiment d’absurdité et je dirais même qu’elle est dérangeante !
Ce manga est magique en matière de dessins que ce soit dans la couverture, mais aussi dans les pages. Ce style épuré, mais poétique m’a envoûtée et emportée. J’ai été happée à part dans les scènes légèrement malaisantes.
En résumé :
Pour Reiji, la vie est une voie sans issue. Il est coincé, il n’a pas de rêve. À quoi cela peut-il bien servir ? Il sait déjà comment sa vie sera faite. La fac est un rêve au goût amer et Tokyo est aussi inatteignable que la Voie lactée. Ce manga est un manga pour public averti tant pour l’ambiance mélancolique, remplie de spleen et aussi de scènes classées X cependant, je m’interroge sur la nécessité de ces dernières.
Note :
Extrait en image :

Synopsis :

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