Auteur (e) en M Auteur (e) par ordre alphabétique Josei Kana Les maisons d'éditions

Boy’s Abyss T3 de Ryo MINENAMI

Mon avis

L’ambiance est sombre comme dans les tomes précédents. Je me suis demandée, pourquoi est-ce que je persiste avec cette lecture? Elle est mystérieuse et addictive. Pourtant dans ce tome-ci, l’ambiance est plus légère, il y a plus d’espoir. Cependant, les thématiques abordées sont relativement étranges, voire un peu malsaines. Suis-je malsaine pour apprécier ce genre de lecture ? Oui, je me suis posé la question plus d’une fois en lisant ce livre.

Effectivement, on parle quand même d’adulte comme une professeure qui fait l’amour à un élève mineur. Elle dit le protéger et être prête à l’aider à partir de cette ville. Pourtant, n’est-elle pas en train d’abuser de son influence et de son pouvoir à des fins personnelles ?

Elle aimerait épargner Reiji, qu’il ne subisse pas le même sort qu’elle, qu’il ne soit pas prisonnier de la ville. Cette ville est morte, elle en est consciente. L’avenir semble absent du paysage, c’est difficile.

Elle veut se racheter un avenir à travers lui. Elle n’a pas mauvais fond, mais ses agissements sont loin d’être moralement corrects. Elle était en mal d’amour, elle profitait de lui. Concrètement, cette situation est dérangeante, d’autant que le désespoir qui habite chaque protagoniste semble une bonne justification à tous les comportements limites. Est-ce qu’une dépression ou un mal-être ou des blessures psychologiques justifient toutes les actions ?

J’essaie de comprendre comment Ryo Minenami arrive à éveiller notre empathie pour cette professeure. Néanmoins, sa situation est loin d’être glorieuse. Elle avait pourtant bien commencé. Dans le tome précédent, elle a sauvé Reiji d’une tentative de suicide. Elle s’est attachée à lui. Elle a réussi à rester en retrait. 

Puis, tout a basculé par désespoir et peur de la solitude, elle profite de sa vulnérabilité. Par la suite, elle se rachète une conscience en imposant de rendre le futur de Reiji meilleur.

C’est une boucle infernale, malsaine et étonnante. Il m’est difficile de condamner entièrement cette professeure. Elle est triste, elle se sent mal dans sa vie, mais est-ce que cela lui donne tous les droits ? Je ne sais pas si le dilemme moral est clair.

Comme je vous l’ai déjà dit, je comprends que très moyennement mon attirance pour ce bouquin, peut-être à cause de cette impasse sans futurs. Elle fait écho aux actualités et à la perte de sens que l’on traverse en ce moment.

Pourtant cette idée que la vie est à la grande ville ne date clairement pas d’hier. L’impasse de ville rurale est à l’origine des exodes ruraux. Le Japon est encore très exposé à ce phénomène.

Il n’est pas possible de se réinventer. Les personnes qui entourent Reiji seront les mêmes 40 ans plus tard, avec les mêmes jugements et préjugés. Il ne peut évoluer ou fuir. Chaque habitant est plus ou moins conscient de cet état. C’est perturbant. Ce tome vient renforcer cette vision du monde et de l’avenir.

Elle est pessimiste et peut nous mettre d’une humeur morose. Heureusement, elle est contrebalancée, par cette amitié douce entre Reiji et Tchako. Elle paraît même douce et pure en comparaison avec l’ambiance de la ville.

Tchako est toujours présente pour Reiji. Ils se confient leurs rêves. Tchako est tendre avec lui. Elle a plus de perspective que Reiji. Elle voudrait l’emmener avec elle à Tokyo, d’autant plus qu’elle le voit se déliter et déprimer. 

En même temps, serait-elle un personnage principal de l’intrigue, si elle pouvait vraiment fuir ? Elle a l’espoir de quitter cette ville, de faire des études, d’écrire, puis peut-être de publier. Ses parents ont l’air d’être contents de ses perspectives d’avenir. Mais… 

Clairement, j’ai très envie qu’elle réussisse et qu’elle emmène Reiji loin de cette ville corrompue et névrosée.

Malheureusement, son avenir semble tragique et déjà joué d’avance. La force de ce manga est que le lecteur continue d’espérer dans un avenir meilleur. Cet espoir fou est-il vain ?

Qu’en est-il de Tchako et de son idole, l’auteur de son roman gothique fétiche ? Leur rencontre est déjà bien étrange. L’auteur est moralement et mentalement dérangé. J’avais bien envie de protéger Tchako, elle est parfois tellement naïve.

Clairement, ce manga est plein de trigger warning, celui-ci est rempli de situations malsaines anormales entre abus de pouvoir, harcèlement ou forçage. Âme sensible, s’abstenir ! Et surtout, ne pas se fier à la couverture !

En résumé

Le tome 3 de Boy’s Abyss est bien meilleur que les précédents. À la limite, ils questionnent plus sur l’avenir, cette impression de voie sans enjeux. L’ambiance malsaine est toujours présente en toile de fond. Forcément, la thématique du suicide oblige, mais les raisons sont finement analysées et décortiquées. C’est pour cette fine analyse que je continue ce manga et la douce amitié de Renji et Tchako qui laisse entrevoir un peu d’espoir.

Note

Note : 4 sur 5.

Extrait en image

Qualité d’impression et dessin

L’impression comme la reliure est toujours très bonne et nette. Cependant, je ne comprends pas trop la nécessité du grand format, à part l’idée que c’est plus cher.

Synopsis

Tome précédent

Tome suivant

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Résumé en image

Temps de lecture

5 minutes

Bonne lecture !

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Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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