
Citations :
Chère Laure,
Gaby c’est mon nom. De toute façon tout a un nom. Les routes, les arbres, les insectes… Mon quartier, par exemple, c’est Kinanira. Ma ville c’est Bujumbura. Mon pays c’est le Burundi. Ma sœur, ma mère, mon père, mes copains ils ont chacun un nom. Un nom qu’ils n’ont pas choisi. On naît avec, c’est comme ça. Un jour, j’ai demandé à ceux que j’aime de m’appeler Gaby au lieu de Gabriel, c’était pour choisir à la place de ceux qui avaient choisi à ma place. Alors pourras-tu m’appeler Gaby, s’il te plaît? J’ai les yeux marron donc je ne vois les autres qu’en marron. Ma mère, mon père, ma soeur, Prothé, Donatien, Innocent, les copains… ils sont tous lait au café. Chacun voit le monde à travers la couleur de ses yeux. Comme tu as les yeux verts, pour toi, je serai vert. J’aime beaucoup de choses que je n’aime pas. J’aime le sucre dans la glace mais pas le froid. J’aime la piscine mais pas le chlore. J’aime l’école pour les copains et l’ambiance mais pas les cours. Grammaire, conjugaison, soustraction, rédaction, punition, c’est la barbe et la barbarie !
Mon avis :
Cette lecture est une lecture coup de poing.
En voilà, un livre dont vous ne ferez qu’une bouchée. C’est une tragédie à la mélodie douce et pourtant très percutante et bouleversante. Gaël Faye nous assène ses vérités avec un texte de toute beauté. Il ne l’a pas volé le prix Goncourt des lycéens. Il le mérite amplement. Sa plume a une fluidité folle, une sonorité douce, et mélodieuse. Elle nous emporte de façon cruelle dans un bain de sang.
Nos yeux innocents de jeunes occidentaux ne font qu’imaginer l’horreur et l’épouvante. Certes, la culpabilité de nos gouvernements dans cette tragédie est difficile à entendre et pardonner. Si les mots sont durs à avaler pour nous, pour quelqu’un de directement impliqué, même si involontairement, il encaisse. Encaisser, parler et espérer qu’une oreille attentive sera là à l’autre bout du chemin.
C’est un pari risqué, néanmoins, réussi pour moi. Les mots du petit Gabriel m’ont impliqué dans son histoire. J’ai écouté avec un sourire aux lèvres ses premiers mots puis ses sourires se teinter de larmes. J’avais envie de le prendre dans mes bras, de le soutenir et de lui dire que tout finirait par s’arranger. Le bercer. Le câliner.
Il était innocent, ingénu et joyeux. Sa vie de famille n’était pas toute rose, mais avec ses copains de l’impasse, ils étaient près pour l’aventure le sourire jusqu’aux oreilles. L’école était source de joie, il avait hâte de retrouver les copains. Ils se bagarraient, se titillaient et se moquaient gentiment des uns des autres. Des bagarres de cours d’école. Puis tout bascule. Des mots sont perçus. Hutu. Tutsi. Le conflit des grands devient celui des petits. Les bagarres innocentes de cours d’école se teintent de ressentiment et de colère. Sans compréhension, ils se lancent dans le conflit. Du jour au lendemain, les cadavres jonchent les rues, les cauchemars deviennent réalité. L’ennemi est partout.
En bref, ce récit est court, poétique et tragique. Il vous prend à la gorge, vous fait rire et sourire. Mais prenez garde, car l’envie d’en découdre et de protéger Gabriel devient de plus en plus forte à mesure que les pages défilent.

4 réponses à “Petit pays de Gaël FAYE”
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J’ai adoré également ce Petit pays!
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Je comprends tellement !
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Alala cela me donne encore plus envie de le lire 😊
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Hihi je suis contente 🙂 good job pour moi 😉
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