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Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie de Raphaëlle GIORDANO

Citations :

VIP’ partage son bureau avec B., surnommée par mes soins La TaserÀ l’instar du pistolet à effet paralysant, B. émet au quotidien une telle charge électrique d’hystérie nerveuse qu’elle paralyserait de stress un régiment de concombres de mer. Grande fille longiligne aux cheveux d’un blond indéfinissable aussi plats que sa poitrine – à son grand désespoir –, elle occupe elle aussi un poste de Manager projets VIP. Le rajout de ce tout petit mot, VIP, fait tout le chic de leurs fonctions. Il met du strass dans leur intitulé de poste. C & B s’en gargarisent souvent.

C. s’occupe de tous les projets en amont – prospection et relations privilégiées avec les clients –, B. s’occupe plutôt de l’aval et du terrain : réservation de salles, organisation des tournages, des shootings, des conférences… C & B s’entendent très bien, dès lors que La Taser a compris qu’il fallait laisser la vipère se donner de l’importance et qu’avec juste ce qu’il fallait de brosse à reluire, tout pouvait se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mon avis :

Décidément, j’enchaîne les bons narrateurs. Je devrais essayer de jouer au loto, car je suis sur un tiercé gagnant. Jessica Monceau est une voix piquante, mordante et cocasse qui accompagne à merveille la vie de Joy et ses déboires. Ses intonations, son rythme et les pauses m’ont happée. Le mélange est addictif, puis le texte fait le reste. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je me permets une mise en garde et des éclaircissements. Raphaëlle Giordano est une auteure spécialisée dans le développement personnel et coach. Elle est coach en développement personnel. Le seul diplôme qu’elle a, c’est en art.

Raphaëlle Giordano fournit une introduction qui sonne juste. L’histoire de Joy permet de mettre en application ses idées. Cependant, je ne l’ai clairement pas lu dans ce but. Le développement personnel par des personnes qui se prétendent « coach », mais qu’est-ce qu’un coach ? Y a-t-il une formation ? Un diplôme ? Peut-on devenir coach par simple volonté ? Si oui, n’y a-t-il pas un risque de tomber sur des charlatans ? Sont-ils capables de réorienter leur patient ? La réponse est non à toutes les questions. La dernière est plus incertaine. Brrr, j’en frissonne. Les personnes sensibles ou déprimées sont prêtes à y croire et au lieu de se tourner vers de bons professionnels, elles boivent leurs paroles comme du petit lait. Cela a pour conséquence un retard de diagnostic ou de prise en charge. Je parle d’expérience et avec la double casquette d’une professionnelle de santé. J’ai vécu deux dépressions, je suis suivie. Remonter a été compliqué et les messages de ces prétendus coachs lus sur internet : « tu es responsable de ton bien-être » ou « il suffit de le vouloir pour le pouvoir » avait tendance à faire plonger mon moral. Cette idée transparaît dans ce livre aussi. Je suis loin d’être d’accord. 

Attention, je ne dis pas que l’on ne peut pas apprendre de l’expérience de quelqu’un d’autre et que tous les conseils sont bons à jeter. Simplement, j’invite les potentiels lecteurs à prendre ce livre pour ce qu’il est une fiction contemporaine et à prendre les conseils avec des pincettes et un esprit critique. 

Le livre s’ouvre avec une Joy au bout du rouleau. Joy ne peut pas porter plus mal son nom. Son travail est devenu un cauchemar plus vrai que nature. Elle subit des pressions au travail. Ses pressions sont plus du harcèlement moral. La non-reconnaissance du travail et les moqueries sont un vrai travail de sape. Elle donne tout. Les pauses se limitent à aller aux toilettes ou à se faire un café, car son stagiaire BCBG est toujours occupé à autre chose et son impertinence l’agace. Elle évacue son stress à coup d’installation d’application. Elle ne les compte même plus. Sa famille est loin. Elle n’a pas d’amis, car elle n’a pas de vie en dehors de sa boite. Son petit-ami est un homme marié, qu’elle voit entre deux portes ou pour un coup vite fait avant qu’il retourne retrouver sa femme. Un jeu de dupe qui semble lasser la jeune femme. Elle espère plus, mais est-il prêt à lui donner plus ? Va-t-il quitter sa femme pour elle ? Combien de temps est-elle encore prête à attendre ? Comme si tout cela ne suffisait pas, Joy est chargée de la soirée pour fêter les 10 ans de l’agence. Elle doit épater ses patrons. Mais, comment ? 

Joy est attachante, notamment parce qu’elle est aussi fragile que du verre. Elle est attendrissante, même si l’on a parfois envie de la secouer ou de lui ouvrir les yeux notamment concernant Hugo son petit ami. Ce personnage masculin est assez détestable, il se sert d’elle avec un manque de considération très discutable. J’attendais d’ailleurs à ce qu’il se prenne une dérouillée au moins métaphorique mémorable. Ses collègues se battent pour avoir la palme d’or de qui est le plus imbuvable et le manque de considération est palpable. C’est un univers de travail que personnellement, je fuirais à toutes jambes telle une météorite. 

Heureusement, Joy va croiser la route des p’tits max : Benjamin, Rayane et Carmen. Ce trio intergénérationnel ose, se soutient et frétille de joie. À leur côté, Joy réapprend à sourire. Elle tisse des liens avec eux. La pression s’en va peu à peu. Réussira-t-elle à prendre les décisions qui s’imposent aidée de cette bande joyeux lurons ? Les laissera-t-elle rentrer dans sa vie et la contaminer par le virus de bienveillance ? Ce sont ses personnages, ses électrons libres, ses originaux qui ont su me toucher et me donner envie de me lover sous la couverture pour écouter la suite de leur aventure.  

Le mimeto-pipeau n’aura pas mon accord. Je ne suis pas pour mentir ou simuler une émotion. Les revers peuvent nous desservir. J’avoue que si le principe et la mise en pratique m’ont fait sourire, je ne me vois pas le mettre en place, je suis bien trop entière pour cela. 

En bref, Joy est le petit pop-corn de son papa, mais le petit popcorn est tout rabougri. Et si une rencontre pouvait vous faire changer de perspective ? Ce roman de développement personnel introduit des notions telles que le mimeto-pipeau ou en déconstruction ou encore communiquer. En tant que roman feel-good, il est pour moi réussi, je me suis impliquée dans l’écoute, j’ai souri et je me suis indignée. Ce sera donc une écoute active et vivante.

Note : 7 sur 10.

Une autre citation pour la route :

— Oh, mais dis donc ! Qu’est-ce que tu nous as encore préparé de bon ? T’as eu le temps de cuisiner un pot-au-feu ? Carmen ! T’es incroyable !

Il l’embrasse sur la joue et ça l’a fait rire. Y a d’la joie, Bonjour bonjour les hirondelles. Carmen chantonne toujours dans sa tête quand ça chantonne dans son cœur. Rayane arrive, lui aussi attiré par le doux fumet parfumé. Les deux garçons ne se font pas prier pour passer à table. Ils engloutissent. Elle se retient de leur dire de manger plus doucement, mais ils font tellement plaisir à voir.

— Qu’est-ce qu’on ferait sans toi ! marmonne Rayane, la bouche pleine de reconnaissance.

Ici, Carmen se sent utile, appréciée, au-delà de ses espérances les plus folles. Alors, pour ces deux-là, il n’est rien qu’elle ne serait prête à faire.

— Et cette jeune femme ? Tu t’en es sorti ? Ça avait l’air un peu compliqué…

Les sourcils de Benjamin se froncent au souvenir de la matinée en compagnie de Joy.

— En effet ! Quelle galère ! J’avais l’impression que rien ne trouvait grâce à ses yeux. Les indécis, ce sont les pires… Je crois qu’elle ne savait vraiment pas ce qu’elle voulait.

— Ouep, un brief, flou quoi ? compatit Rayane tout en se resservant une deuxième portion de l’excellent pot-au-feu de Carmen.

— Totalement. Et elle, l’archétype de la cliente fermée et autoritaire.

Les paravers de Millina

Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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9 commentaires

  1. […] pour l’originalité, je dirais du titre sans parler du contenu Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie de Raphaëlle Giordano. Une comédie de tous les jours à ne lire que pour l’histoire et pas dans […]

  2. […] découvert ce roman suite à la chronique de Camille du blog Les Paravers de Millina. L’enthousiasme de Camille et la couverture colorée du livre ont fini par me convaincre. Et […]

  3. Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une est vraiment pas mal, ça remonte le moral ! Sinon, je confirme : les titres sont super bien trouvés 😉

  4. Oui je pense que c’est clairement une auteure où il faut le lire pour le côté feel-good et léger sans prise de tête ! 😀
    J’avoue que j’aime beaucoup ces titres XD. Je me note Ta deuxième vie commence quand tu n’en as qu’une ! 😀

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