Fragment de livre en guise de mise en bouche :

– Votre tâche consistera à répertorier toutes les pièces et concerts qui se jouent chaque soir à Paris. Plus tard, si tout se passe bien, vous irez de temps en temps voir ceux qui semblent dignes d’intérêt, pour en dire, à de rares occasions, quelques mots.
– J’en serais ravi.
– Attention ! Le plus important est de faire quotidiennement un inventaire exhaustif, car les Parisiens consultent chaque matin notre journal pour savoir ce qu’on donne le soir. Et pour ce qui est de rendre compte d’une pièce, si nous vous le demandons un jour, il faudra le faire de manière concise et toujours positive.
– Même s’il s’agit d’une mauvaise pièce ?
– Il y a toujours le moyen de dire du bien, même d’une mauvaise pièce ! s’agaça Xhrouet.
– Je vois, répondit Gabriel en tentant de masquer sa déception.

Mon avis :

Waouh ! Cette enquête est incroyable. Un vrai coup de cœur. Je l’avais offerte lors d’un Noël canadien sur les conseils de mon libraire. La personne à qui je l’avais offerte avait adoré et me l’avait vivement recommandée. Quand mon grand-père me l’a prêtée, je n’avais qu’une envie : la lire.

Henri Loevenbruck situe son intrigue policière en 1789, juste avant la Révolution française. Cette période me fascine depuis un documentaire que j’avais vu sur la Révolution et Marie-Antoinette. Ce roman rejoint ce souvenir sur plusieurs points. Il le prolonge même. Ici, le regard porte davantage sur le peuple, même si la famille royale apparaît en toile de fond. On assiste aux premiers grondements du soulèvement, aux complots de cour et aux jeux de pouvoir. C’est passionnant de voir comment chacun tente d’obtenir la meilleure part du gâteau : nobles, clergé, tous essaient de tirer la couverture à soi, et le tiers état en paie le prix. L’auteur s’intéresse aussi aux francs-maçons, un sujet que je connais peu, mais qui m’a donné envie d’en apprendre davantage.

L’enquête et le contexte historique avancent en parallèle. Par moments, j’ai même eu l’impression que l’Histoire prenait le dessus, avant que tout ne s’équilibre. Plus on avance, plus les deux dimensions s’enrichissent. Les femmes aussi se battent pour leur liberté, même si le droit de vote n’arrivera qu’en 1945. Ce contraste est mis en lumière avec intelligence.

Un meurtrier sévit dans les rues de Paris. Il tue des hommes qui maltraitent des femmes : voleurs, manipulateurs, violents. Gabriel se lance à sa poursuite. Il comprend le mobile… et il n’est pas certain de vouloir arrêter le coupable. Gabriel est un jeune homme observateur, loyal, avide de vérité. Que fera-t-il s’il parvient à mettre la main sur l’assassin ? Rien n’est moins sûr.

Il croise aussi Camille Desmoulins, Danton ou encore Louis-Sébastien Mercier. L’auteur en dresse des portraits critiques, loin de l’image idéale qu’on leur attribue parfois.

En résumé : un coup de cœur. La toile historique est riche, limpide, passionnante. J’ai hâte de continuer à arpenter Paris aux côtés du jeune Gabriel.

Note : 5 sur 5.

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