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Cher Connard de Virginie DESPENTES

Mon avis :

Qui n’a pas entendu parler de Virginie Despentes ? Personnellement ça faisait un petit bout de temps que je voyais son nom sur les blogs. J’étais intriguée. Je me suis dit qu’il devait bien y avoir une raison à un tel engouement. J’ai même acheté Vernon Subutex. L’histoire me paraissait très piquante, puis il traîne dans ma PAL depuis. 

Le titre de « Cher connard » est apparu sur le site de Netgalley, une occasion peut-être de me lancer à la découverte de l’auteure. Voilà comment je suis passée de « Vernon Subutex » à « Cher connard ». Oui, le fait que le titre soit juste une insulte n’y est pas pour rien non plus. Il m’a intrigué. 

Et bien ! Je vous le dis tout de suite, ça n’a pas été une réussite. Virginie Despentes nous offre un roman épistolaire qui se lit bien malgré lui, on s’attache ni aux personnages et encore moins à leur propos. Le début était pourtant piquant acidulé et prometteur.

« Mais j’avoue, t’es le premier à avoir l’audace de m’insulter comme une ordure et d’enchaîner, sur le même élan, avec ce couplet « on vient du même quartier, on a des souvenirs en commun ». »

Puis ça se dégonfle assez rapidement. J’avoue, j’ai été plus d’une fois à deux doigts d’abandonner. Pourquoi ? Le propos et la construction du personnage me paraissaient bien développés au début, puis au fil des pages, des lettres, j’ai eu la sensation qu’ils prêchent tous et son contraire. Ils évoluent trop vite pour être véridiques. Ils avaient un peu trop facilement jeter leur valeur à la poubelle. Ce manque de cohérence m’a déstabilisée et interrogée. Ça sonne faux. 

« L’héroïne par rapport au crack, c’était comme la littérature par rapport à Twitter – une tout autre histoire. Je dis ça parce que ça sonne. »

Rachel, le personnage féminin prêche la solitude, les amants que l’on change à loisir, l’alcool, la drogue, et elle donne des leçons à un machiste. Nous sommes tous des donneurs de leçon, mais là c’est le pompon. Il décroche et arrête la drogue. Elle lui dit que c’est bien, mais qu’elle ne pourrait vivre sans. Elle maîtrise, elle se drogue pour être actrice, elle en fait l’apologie. Elle a des propos sur le monde médical qui m’ont fait monter la moutarde au nez. La médecine, c’est du pipi de chat. Les médecins nous donnent les médicaments qui nous changent et nous rendent encore plus fous qu’on ne l’est. Et en tant que soignante et personne soignée par antidépresseurs, j’ai un peu de mal à entendre ce discours. Oui, les antidépresseurs peuvent être vus comme une béquille, mais en attendant si l’on ne peut pas marcher, on prend une béquille. Le discours est réducteur. Les maladies mentales et la psychiatrie n’ont pas besoin de cette mauvaise presse. Je me dis que si je n’avais pas été dans le monde médical, j’aurais peut-être entendu et cru à ce genre de discours, je n’ose imaginer les dégâts. Certaines personnes ont besoin d’antidépresseurs, sinon il se tue. Ça s’est une vérité que l’on ne doit jamais négliger. Entendre ce discours-là de la plume de Virginie Despentes, qui est une femme intelligente, m’agace fortement. 

« Si je consomme la drogue que le médecin me prescrit, je deviens une toxico légitime. J’ai remarqué que les camés sont toujours ceux qui sont les plus difficiles à convaincre de prendre un traitement antidépresseur. Si l’on est dépendant aux drogues légales de la psychiatrie, si l’on ingère la drogue préconisée par le médecin, on est un bon travailleur. Un bon sujet économique. »

La psychiatrie fait face aux préjugés. Les malades vont en général chez le psy, quand tout s’écroule, jamais quand on peut rattraper les choses sans médecine, sans antidépresseur… Si en plus il doit faire face à des idées reçues comme dans ce roman et bien c’est bien plus dur. Après, oui certains médecins sont des incompétents, mais comme dans tout métier, il y a des professeurs incompétents, du personnel d’administration, des pharmaciens, des ouvriers… Bref, ces stéréotypes et cette façon de généraliser comme dans les médias font déjà un bon travail de sape, n’en rajoutons pas dans la littérature, parce que trouver un psy est déjà un combat. Passer cette ellipse, vous aurez compris que je ne partage pas les idéaux de l’auteure et que j’ai beaucoup de mal avec ce qu’elle prêche là-dessus. La drogue est là aussi un sujet difficile, j’ai eu bien du mal à comprendre son propos. 

Peut-on effacer comme sur une ardoise le fait que l’on est harcelé quelqu’un ? Qui aide la victime à effacer l’ardoise ? Doit-on en parler sur son blog en tant que victime ? Oscar semble se repentir, il n’est peut-être pas trop tard. Cependant, il ne s’excuse jamais publiquement. L’alcool et la drogue restent sa réponse et surtout son excuse. Le plaidoyer de Rachel sur ce sale connard s’effondre comme un ballon de baudruche. L’auteure semble surfer sur la vague du #Metoo. Cependant, Zoé Catana la victime ressemble au fil de son roman plus à une menteuse qui voulait profiter de la cote d’Oscar. 

En résumé, les deux protagonistes encore qu’ils ne soient pas attachants avaient les outils pour construire une réflexion intéressante. Cependant, la réflexion a manqué de logique et de continuité, elle s’est sabordée. Elle m’a larguée. Cette première approche de Virginie Despentes n’est pas une réussite, pourtant j’avais envie qu’elle le soit. L’auteure a manqué de piquant et de clarté pour que son propos soit percutant. Dommage, à voir ce que donnera Vernon Subutex !

Une citation qui pourrait aussi s’appliquer à l’Affaire Palemade ! N’oublions pas que l’addiction est une maladie et que les personnes qui ne lui ont pas retiré les clés sont tout de même aussi responsable. Ceux qui ont fermé les yeux etc. Attention, je ne dis pas que l’addiction excuse.. .

« Toute la profession sait que je me défonce. On ne me demande pas d’entrer dans les détails de ma consommation. J’ai cette aura – et ça leur plaît. C’est mon côté rock star, je me mets en danger à leur place. Et me regardant faire, c’est un peu comme s’ils désobéissaient aussi, par procuration. »

Note : 2 sur 5.

2 réponses à “Cher Connard de Virginie DESPENTES”

  1. Avatar de Les paravers de Millina

    Ouf tu me rassures car après cette lecture je me disais aille si Vernon subutex est pareil ?

  2. Avatar de labibliothequeroz

    J’aime Virginie Despentes, Vernon Subutex 1 et 2 sont extra mais là, je m’étais royalement ennuyée avec Cher Connard…

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Les paravers de Millina

Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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2 commentaires

  1. Ouf tu me rassures car après cette lecture je me disais aille si Vernon subutex est pareil ?

  2. J’aime Virginie Despentes, Vernon Subutex 1 et 2 sont extra mais là, je m’étais royalement ennuyée avec Cher Connard…

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