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Aime-moi, je te fuis de Morgane MONCOMBLE

Cher(e)s voyageur(e)s,

« Aime-moi, je te fuis » a été présenté lors de sa publication comme : « une définition de la sexualité moderne ». Je dirais plutôt que l’auteure essaie d’expliquer que notre génération abat les frontières. L’amour n’est pas une étiquette. Libre à nous d’être hétéro et homosexuel. Libre à nous d’être attiré par des filles comme par des garçons. Elle critique ce besoin de rentrer dans des cases, de donner un nom à son orientation sexuelle, de marginaliser ceux qui n’y correspondent pas. Jason le dira, il ne sait pas s’il est bisexuel, il n’a simplement pas rencontré de garçon qui le faisait craquer. Une remarque franche, délicate qui sonne juste.

Je suis à mon quatrième livre de l’auteure et je peux dire sans trop de risque que c’est une valeur sûre. Morgane Moncomble est une écrivaine de romance contemporaine avec une pointe de drame qui nous offre des personnages riches, complexes, nuancés et profonds.

Leurs portraits ont tellement de choses à dire et à dévoiler. Quand je crois que je sais tout sur eux, il trouve le moyen de me surprendre encore. Elle repeint l’amour avec des messages forts sur l’identité de genre, l’amour indifférent du genre et de l’orientation sexuelle, l’amour respectueux de l’autre. Elle ne se cantonne pas à des messages féminins. Ils sont universels. Je ne suis jamais déçue avec les livres de Morgane Moncomble. Avec ce livre, ça n’a pas loupé. 

Avec Jason et Zoé, je suis encore une fois passée très proche du coup de cœur. J’ai dévoré ce livre. Il n’aura pas fait long feu sur ma table de chevet. 

Zoé est pétrie de contradictions. Son cœur est blessé. L’amour l’a mis à mal. Elle a aimé au-delà des mots. Elle s’est donnée à Sarah. Elles ont rompu, mais Zoé ne s’en remet pas. Sa solution est le sexe sans amour, son cœur est déjà pris. Un beau-métis a attiré son regard, dommage qu’il ait un humour craignos. Cependant, leur première expérience est un fiasco total. Il était craquant, mais comme amant, c’est un zéro pointé. Seulement, le sort semble s’acharner, il se recroise à une soirée organisée par Violette et Loan les colocataires de Zoé. Il se pourrait que ce coup d’un soir catastrophique soit aussi le summum de la honte. Jason semble dire que Zoé est une mauvaise amante. Zoé soutient le contraire. 

« — Et ce sera le meilleur gâteau au chocolat de cette foutue pièce, tu m’entends ?

Il acquiesce lentement, mi-terrifié mi-taquin.

Nous continuons de suivre les instructions du chef à la lettre. Si je suis d’abord guidée par l’envie de produire quelque chose de génial, la bonne humeur de Jason est vite contagieuse. Il me pose tout un tas de questions, tellement que j’en viens à lui parler de mon amour pour les constellations, Audrey Hepburn et Le Prince de Bel-Air. J’apprends à mon tour qu’il est prof de natation le mercredi, qu’il adore skier et qu’il compte partir en Australie à la fin de l’année universitaire. Je l’imagine torse nu sur une planche de surf en train de défier les vagues quand il m’interrompt :

— Ta famille vit à Paris ?

— En banlieue, réponds-je, sans oser le regarder. »

Morgane Moncomble nous dresse des portraits psychologiques qui vous prennent à la gorge. Elle profite de cette romance pour explorer un thème qui lui tient à cœur : le trouble du comportement alimentaire. Elle avait déjà effleuré cette thématique avec son livre « En équilibre ». Pourtant, ici, elle va plus loin, elle dissèque le rapport au corps. Elle développe toute la perversité du trouble alimentaire. Son personnage est trahi par son corps, mais surtout par son esprit. Difficile de ne pas être touchée par cette maladie et surtout après la lecture de ce roman, nous comprenons mieux toutes les implications et conséquences de ce trouble. 

«  Je ne suis pas grosse » est ce que j’essaie de me répéter chaque jour que Dieu fait. Mon IMC est exactement dans la courbe « poids normal », j’ai des rondeurs mais elles ne sont pas importantes. Je le sais. Pourtant, ça ne va pas. Ça ne va jamais. Parce qu’à l’intérieur, tout est dévasté.

— Maman, qu’est-ce que tu veux ?

— Est-ce que tu peux passer ?

— Non.

— S’il te plaît… me supplie-t-elle. Je suis vraiment dans le pétrin, cette fois. Ça n’arrivera plus, je te le jure. »

« La Zoé confiante et séductrice n’est qu’un énorme mensonge.

Je jette un œil aux photos prises et mon malaise s’accroît jusqu’à m’enserrer la gorge. Je ne les aime pas. Elles sont très belles, mais je suis grosse. Mal fagotée. Pas assez parfaite.

Ce n’est pas avec ces hanches que tu vas te faire une place dans le monde de la mode, ma cocotte.

Je ferme les yeux un instant pour faire taire la petite voix, puis décide de parler plus fort qu’elle.

— J’ai faim.

C’est faux. J’ai simplement envie que cette sensation disparaisse et je sais que manger fait tout disparaître. Du moins le temps d’un instant, avant que la culpabilité ne me gifle violemment le visage.

Mais j’ai encore quelques heures avant ça. »

Pourquoi ce roman n’est-il pas un coup de cœur ? Franchement, je suis passée à un cheveu du coup de cœur. J’ai juste eu l’impression que le portrait de Zoé était plus poussé, plus travaillé que celui de Jason. Ce déséquilibre explique sans doute que j’ai été touchée par lui, mais mon cœur n’a ni été emporté par ses désarrois ni complètement essoré par son histoire. Elle cumule un peu trop. Pourtant, son passé avait peut-être plus de choses à dire. Sa douceur et son ouverture d’esprit m’ont séduite et envoutée. L’approfondissement aurait créé le book boyfriend parfait. 

Loan et Violette ainsi qu’Ethan sont tellement mignons, leur apparition au fil des pages, nous donne envie d’un peu plus d’eux. J’ai une petite pensée pour Leïa, Dark Vador et Han Solo. Je pense que ceux qui l’ont lu comprendront.

«  T’es trop belle ! »

« Oh, tu es au canal Saint-Martin ! J’y étais hier, trop drôle 😀 »

« J’adore ton tee-shirt »

« Je te préfère les cheveux attachés… »

« C’est qui, le mec derrière ??? »

Je comprends vite que j’aurais dû faire attention avant de poster. Plusieurs personnes commentent en demandant si Tiago est mon petit ami, et si oui, depuis quand. Quelqu’un a ajouté : « Pourquoi vous pensez tout de suite que c’est son copain ? Elle pourrait aussi être gay », ce à quoi quelqu’un a répondu : « Si elle l’était, elle l’aurait dit ».

Mon estomac se tord sur lui-même. Pour la toute première fois, je me rends compte que je n’ai jamais avoué être bisexuelle. Pas parce que j’ai honte – jamais –, mais parce que cela relève de ma vie privée et que le sujet n’est jamais vraiment venu sur le tapis. »

En résumé, Zoé et Jason sont un couple improbable, une histoire qui commence mal. Ce livre est une addiction, une quête d’amour de l’autre, mais aussi de soi-même. Il redéfinit les étiquettes de genre pour mieux les balayer. Et si l’amour n’avait pas de frontière ?

Note : 4.5 sur 5.

Autres livres de l’auteure :

3 réponses à “Aime-moi, je te fuis de Morgane MONCOMBLE”

  1. […] Nos âmes tourmentées En équilibre L’as de cœur Aime-moi je te fuis […]

  2. […] La romance semble du coup maladroite et peu crédible. C’est dommage pour un manga qui essaie de transmettre l’idée qu’un homme peut aimer se pomponner sans être forcément gai. D’ailleurs, quand j’ai écrit cette phrase, j’ai le portrait de Jason dans « Aime-moi, je te fuis de Morgane Moncomble ».  […]

  3. […] Aime-moi, je te fuis de Morgane MONCOMBLE […]

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Les paravers de Millina

Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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3 commentaires

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  2. […] La romance semble du coup maladroite et peu crédible. C’est dommage pour un manga qui essaie de transmettre l’idée qu’un homme peut aimer se pomponner sans être forcément gai. D’ailleurs, quand j’ai écrit cette phrase, j’ai le portrait de Jason dans « Aime-moi, je te fuis de Morgane Moncomble ».  […]

  3. […] Aime-moi, je te fuis de Morgane MONCOMBLE […]

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