
Citation en guise de mise en bouche :
Après ça, Lucien était descendu dans son four à pain et il avait regardé la pâte cuire, brunir puis noircir, sans un geste, incapable de faire quoi que ce soit. Les pains s’étaient craquelés, pétrifiés, transformés en poussière de charbon sous ses yeux. Il avait éteint le feu, poussé le pain noir au fond et employé les jours suivants à construire un mur, réduisant d’un tiers la taille du four familial, créant sans y penser vraiment une pièce secrète. Maintenant que son fils n’était plus là pour travailler avec lui, il n’avait pas besoin d’un si grand four, trop compliqué à chauffer. En construisant le mur de briques, Lucien avait calculé que dans trois ans son petit-fils aîné aurait l’âge d’être mobilisé. Tout le monde disait que la guerre serait finie d’ici là, mais Lucien avait appris à se méfier de tout le monde. Tout le monde ne raconte que des conneries.
Mon avis :
Une bonne lecture !
C’est une bonne lecture, un petit livre glaçant et terrifiant. Ce roman est engagé contre la Guerre à travers la Première Guerre Mondiale et la Seconde et ses conséquences sur l’Humanité. Il est prenant.
Une trame originale !
C’est en 1918 en Corrèze que commence notre histoire avec le retour d’un frère aîné, une gueule cassée, un amas de chaire humaine. C’est un choc, il est brutal ! Ce petit frère ne verra plus le Monde, l’humanité de la même manière. Comment ne pas être détruit par ces événements ?
En parallèle, en 2020, un grand bourreau de la Seconde Guerre Mondial guérit progressivement de la Maladie d’Alzheimer et du cancer. Comment un monstre peut-il se voir offrir la guérison quand des gens biens meurent tous les jours ? Recueillir ses souvenirs devient un impératif pour enrichir les mémoires de la Guerre et continuer de la décrypter. Seulement, il ne veut parler à qu’un seul homme, pourquoi ? Quel lien unit ces deux hommes ?
Ébranlée !
Je ressors ébranlée par ce récit qui traverse les âges. Certes, je n’ai pas pu m’attacher aux personnages. Certains sont inhumains. Quand ils sont humains, ils leur manquent de l’émotion. C’est compréhensible. Comment ne pas rester de glace face à tant d’horreur ? De fait, il y a moins de contraste.
Il a enrichi ma réflexion. Les guerres d’hier n’ont-elles pas construits les monstres d’aujourd’hui ?
Il porte bien son titre, la lecture est à glacer le sang.
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