Cher(e) loulou,
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Mon avis
Prenant, triste et émouvant… Contrairement à mon idée de départ, ce livre n’aborde pas l’esclavage, mais il dresse le portrait de trois femmes. Elles sont toutes trois de conditions différentes. Trois portraits différents, pourtant chacune est victime des hommes, parfois inconsciemment. Deb Spera dresse des portraits pleins de contrastes, étonnants, et plaisants. Elle tranche dans le vif, sans fioriture, les portraits sont acides, vrais et francs. Elle pointe et lance sa fléchette sans tergiversation.
L’émotion est brute.
L’auteure ne fait pas dans la description des émotions. Elle laisse son lectorat réagir, elle choque avec la vérité nue. Parfois, il n’y a pas besoin d’hémoglobine, pour blesser ou heurter.
Cette lecture manque peut-être d’espoir ou d’émotions positives pour que l’on s’attache vraiment à ses trois femmes. Cela n’empêche que j’ai été touchée et bouleversée par certaines scènes. Ces femmes manquent de douceur, mais la vie des champs de coton, puis de tabac laisse peu de place à l’amour. Deb Spera décrit une société comme Zola l’a fait sur son temps. Elle raconte un autre temps, une condition féminine en mal de droit. À l’inverse de Zola, elle ne se perd pas en description trop longue, elle ne grossit pas la misère. Elle est efficace et concise.
Trois femmes, trois combattantes, de vraies guerrières.
Annie Coles est une matriarche et une épouse de propriétaire terrien. Sa situation est enviable. Elle a de l’argent, deux fils obéissants, mais elle a perdu ses filles de vue. Celle-ci ne l’appelle plus. Son mari lui a demandé de respecter ce silence. Annie reste une mère et elle a besoin de savoir. Réussira-t-elle à passer outre l’interdiction de son mari ? Que risque-t-elle de découvrir ?
Retta, sa cuisinière, est un vrai cordon bleu. Elle est une enfant d’esclave, et une mère meurtrie. C’est aussi mon personnage préféré. Elle est tournée vers les autres, elle a également une petite touche de magie. Ses croyances sont fortes et son altruisme est tellement éblouissant. Elle n’a que son mari et sa patronne Miss Annie. Son mari est infirme, tout juste bon à travailler. Pourtant, une vie sans lui n’en vaut pas la peine. Elle ne l’envisage même pas. Il est son univers et son orgueil.
Son mari est un personnage doux, tendre et ouvert d’esprit. Il se tient en égale auprès de sa femme. L’infirmité l’a-t-elle rendu humble ? Non, cher lecteur, des hommes comme celui-ci n’ont pas besoin d’infirmité pour se remettre en question. Leur couple est uni et leurs échanges sont magiques.
Gertrude est une pauvre femme blanche battue par son mari alcoolique. Elle a trois filles, qu’elle défend comme une tigresse. Elle est prête à le tuer pour protéger ses filles. La prochaine fois qu’il osera lever une main sur elle ou ses filles. Elle le jure. Elle le tue. Comment fera-t-elle avec la police à ses trousses ? Et s’il ne retrouvait pas, pas de corps, pas de preuves, n’est-ce pas ? Gertrude est une femme que j’ai appréciée et détestée en même temps. Je n’ai pas toujours réussi à comprendre ses actes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne laisse pas indifférente.
En résumé
Cette lecture est dure. L’auteure est aussi tranchante qu’un couteau, pas de pansement, pas d’antidouleur, rien qu’une réalité brutale, méchante et véridique. Elle est dure, avec les hommes, mais aussi avec ces trois femmes. Elle dénonce la condition humaine d’une autre époque, dépeint des victimes et des bourreaux. Certains sont les deux, d’autres tout simplement aveugles. Ces trois femmes qui n’ont rien en commun, si ce n’est l’amour pour leurs enfants et l’envie de se battre pour son prochain.
Note
Citation
« — C’est votre fille ?
Je me retourne et je vois Mary disparaître aussitôt derrière l’arbre.
— Une de mes filles, je réponds. Celle-là, c’est Mary.
— Sors de là, Mary, laisse-moi te regarder.
Mais Mary fait ce que j’ai dit, elle bouge pas de derrière l’arbre.
— J’suis désolée. Elle est timide avec les gens.
Mrs Coles laisse retomber ses bras et lève les yeux vers les chênes.
— Nous avons eu des cardinaux rouges dans le jardin toute la journée, dit-elle. Retta n’aime pas ça, n’est-ce pas, Retta ? »Extrait de
Le chant de nos filles
Spera Deb
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Synopsis

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Résumé en image

Temps de lecture
Bonne lecture !





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