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Amour placebo T1 d’Akane TORIKAï

Mon avis

Je vous avais dit qu’une fois que j’avais fini « sans préambule », que forcément je lierais un autre manga de cet auteur parce que j’avais beaucoup apprécié ses dessins que ce soit avec ou sans méthode d’ancrage. Je continue donc ma découverte de l’auteure « Amour placebo ». Dans son one-shot « sans préambule », j’avais eu l’impression d’avoir que certaines informations, mais pas toutes. J’avais l’impression de ne pas tout comprendre et c’était plus flou. Dans ce premier tome, l’idée et le fil conducteur sont pour le coup très limpides.

Akane Torikaï qui a quand même une façon de dépeindre cruellement les relations humaines. C’est une forme déconcertante, car elle parle de personnages rejetés par la société comme les prostituées, mais aussi de leur client. Combien de fois avons-nous l’histoire de la prostituée, mais pas celle du client ? Elle s’intéresse à cet homme. Pourquoi fait-il appeler à la prostitution ? Elle interroge et donne de la voix à l’autre côté du miroir. Elle fait ressortir la misère humaine. Comment peut-on avoir besoin de la proximité des corps pour se sentir aimer ? Est-ce une forme d’amour placebo ? Le fait de payer serait ce qui rend le tout placebo ? Et en même temps ce recours à la prostitution n’est-il pas révélateur du mal-être du client ?

Notre protagoniste Tomio Sâto est un trentenaire. Il est professeur d’art plastique au Japon à temps partiel. Sa situation économique n’est pas très enviable. Il est arrivé à un âge où le charme physique et sa gentillesse valent moins que sa stabilité financière ou sa position sociale pour les femmes. Il ne fait plus l’amour, il n’est plus intime avec l’une d’elles depuis plusieurs années. Il a la sensation qu’il finira seul quoi qu’il arrive. Cette situation le plonge dans la solitude, il se sent terriblement seul. Sa meilleure amie l’écoute de manière attentive, elle essaie de lui trouver une voie de sortie, elle essaie de lui montrer qu’il y a toujours un problème. Pourtant, rien n’y fait, le travail à temps plein le fuit. Son CV est peu attractif, et en plus, il est mal payé. Seul. Désespérément seul. L’idée d’aller voir une prostituée commence à lui trotter dans la tête. La honte l’envahit. La solitude commence pourtant à peser plus lourd dans la balance que la honte. Il essaie de s’en convaincre auprès de son amie.

Plus il formule l’idée dans sa tête, plus elle devient obsédante. Son premier rendez-vous avec l’une d’elles nous paraît aussi étrange que tendre. Il se contente de lui parler et de lui tenir la main. Sa solitude est telle. C’est son côté attentif aux autres et son besoin de rapport humain qui prime. Mon incompréhension face à sa décision est vite remplacée par une sollicitude face à son désespoir.

C’est son incertitude qui m’a touchée, mais aussi le manque d’estime de soi que traduit son acte. Il recherche dans une maison close, une femme qui l’accepte tel qu’il est soit un homme, il n’est pas question de statut ou de position sociale. Satô est un portrait étonnant, mais néanmoins, touchant. C’est un être humain qui cherche sa moitié et il pense l’avoir trouvé dans cette prostituée. Elle semble n’être là que pour lui. Serika a su aller à son rythme. Leur relation s’est approfondie en même temps que leur intimité.

Satô est amoureux transit et si Serika partageait ses sentiments après tout. Elle est toujours disponible pour lui, même quand il n’a pas rendez-vous. Serika est belle, cultivée et elle est faite pour lui. Il se voit déjà comme Richard Gere dans sa belle limousine blanche. Bon, peut-être plutôt dans le vieux tacot du coin. Serika est-elle prête à se réinventer une vie avec lui ?

Face à ses rêveries, ses espoirs et ses souffrances, peut-on rester insensible ? Je me suis surpris à justifier ses choix et pourtant, j’ai bien du mal avec la prostitution pour ne pas dire contraire. Akane Torikaï vous entraîne dans cette ambivalence. Cela montre combien Satô est attachant. La mangaka bouscule les codes sociaux et nous offre un vrai questionnement de fond. L’introspection de Sâto concernant son recours à la prostitution nous pousse à nous demander ; si plus que la combattre via les clients ou les prostitué. es, l’on ne devrait pas traiter plutôt la cause : le validisme social, le mal être psychologique, mais aussi cette forme de solitude qui s’installe.

La fin me laisse avec ma soif et une terrible envie de m’hydrater avec le prochain tome. Akane Torikaï maîtrise l’art du cliffhanger. Il me tarde de lire le deuxième et dernier tome de cette duologie.

Akane Torikaï continue de m’impressionner avec son trait de dessin. Ce tome-ci est ancré avec moins de détails que son dessin brut observé dans « Sans préambule ». Pourtant, elle casse quand même les codes du dessin de manga, celui-ci est rarement aussi détaillé. Les émotions se devinent aux regards et aux émotions des traits sans exagération. C’est toujours un régal.

Maintenant, âme sensible s’abstenir ! Effectivement, quand l’un des protagonistes travaille dans une maison close, l’inverse serait étonnant. Attention, Akane Torikaï ne fait pas dans le voyeurisme, ses scènes sont nécessaires, mais très crues. Ce ne sera donc pas à mettre entre toutes les mains.

En résumé

Le dessin d’Akane Torikaï est toujours une claque, impressionnante, détaillée et expressive. Elle a réussi à créer un personnage attachant, malgré son comportement que l’on peut juger amoral. C’est d’ailleurs la force de ce manga. Cet attachement qui naît et qui se confirme malgré le comportement de Satô. Ce comportement se transforme en compréhension et acceptation. Cela ne m’a pas empêché d’être révolté aussi. Cette lecture n’est pas facile à digérer. J’ai reposé mon manga plus d’une fois. Si vous êtes fragile, un peu déprimé, passez votre tour. Personnellement, je ne suis pas sûr qu’il y a un

Note

Note : 4 sur 5.

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Synopsis

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Temps de lecture

5 minutes

Bonne lecture !

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Passionnée de livre... Fantasy, Policier et Romance :)

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2 commentaires

  1. C’est une série en deux tomes et les dessins sont superbes. Par contre l’auteure entreprend de comprendre le recourt à la prostitution et l’absence de relation sociale ou amoureuse pour des jeunes trentenaires. C’est intéressant mais assez cru.

  2. Ah oui, visuellement, il a l’air absolument sublime, tu me donnes très envie de tenter 😍

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