Premières lignes n°219

« La maison paraissait vivante. Maman m’écrasait la main tandis que nous la contemplions toutes les trois, nos yeux brouillés de fatigue dépassés par cette brillance pleine de vie qui se dressait devant nous.
— Papa Myron a choisi et placé lui-même chaque pierre des fondations, nous a murmuré Maman à Mya et à moi. Avec la patience et l’application d’un homme profondément amoureux.
Cette maison basse était un chat faisant la sieste à l’ombre des pruniers, tout l’opposé de la forteresse victorienne à deux étages que nous venions de quitter. Elle semblait étrangement vaste et petite à la fois – elle se répartissait sur plusieurs niveaux qui se déployaient dans toutes les directions en un délirant labyrinthe du Sud. Une longue allée traversait tout le jardin, scindée en deux par un portail de grange à deux battants. Mais ce qui faisait respirer la maison, ce qui lui procurait ses poumons, c’était la véranda au pied de sa façade. Un large escalier de pierre menait à cette galerie tapissée de lierre, de chèvrefeuille et de belle-de-jour. Au-dessus, mon grand-père avait érigé une tonnelle en bois. »
Extrait de 
Memphis
Tara M. Stringfellow
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