Nous irons mieux demain de Tatiana DE ROSNAY

Ce livre nous est lu par l’auteur. Elle imprime le rythme. Parfois, son débit de parole est maîtrisé un brin angoissé. L’idée qu’un auteur lise son propre livre peut-être une bonne idée, il faut avoir une bonne diction pour porter le texte et y mettre de l’émotion. Qui de mieux que l’auteure pour faire des pauses à certains moments et accélérer à d’autres ? Hausser le ton. Marmonner. Murmurer. Pourtant, je suis déçu de le dire, mais je n’ai pas été touché par la voix de Tatiana de Rosnay. Je ne sais si c’est son timbre ou justement la sensation de retenue dans sa lecture. Les pauses sont au point. Le rythme est là. Tantôt rapide, tantôt lent. Mais rien à faire, je n’ai pas réussi à être totalement dedans. Certes, je ne peux pas dire que je ne l’ai pas aimé, je ne peux pas dire qu’elle ne m’ait pas transmis l’envie de lire Zola et découvrir son œuvre comme Candice la narratrice. Et pourtant, elle me l’a bien vendue et si vous me connaissez elle a fait fort. Pour moi, l’assommoir de Zola était assommant. Ce fut un des livres à lire pour l’école les plus lents que j’ai eu à lire. La première fois que j’ai eu envie de lire le résumé chapitre par chapitre sur Internet. Triché en somme. Ça ne m’était jamais lu.

L’auteur nous fait suivre une jeune maman, Candice. Elle travaille dans une station d’enregistrement de livres audio coïncidence amusante. Un jour en allant travailler elle est témoin d’un accident. Un chauffard renverse sans états d’âme une dame d’un certain âge. Les gens regardent comme des vautours prêts à tourner une nouvelle vidéo Tiktok. Personne ne bouge, certains disent ce qu’il faut faire, mais personne ne fait. Personne n’est auprès de la femme allongée au sol dans une mare de sang. Personne ne lui tient la main ni la rassure. Candice est stupéfaite. Elle ne peut laisser faire. Elle avance, elle prend la main de Dominique. Elle la rassure. Une fois l’intervention des pompiers, elle continue son chemin pour le travail. Pourtant, au travail elle appelle Arthur pour lui dire de s’occuper de Tommy, car ce soir elle va aller se renseigner pour savoir si la patiente s’en est sortie. Sa famille lui a-t-elle rendu visite ? S’est-elle réveillée ? Pourquoi cet intérêt soudain pour cette inconnue ? 

La patiente s’est réveillée, mais le chemin vers la guérison s’annonce corsé. Rien ne sera plus comme avant. Elle est seule. Pas de famille. Pas d’enfant. Pas de mari. Candice est la seule à venir à son chevet. Elle seule s’intéresse à elle. Dominique accepte cette main tendue. Elle lui demande un service. Il s’ensuit des échanges. Une relation éclot, Dominique partage avec Candice son amour des mots. 

Vous l’aurez compris. Je me suis attachée à Candice. Elle a su me toucher. Ce personnage je pourrais en parler pendant des heures. Il est complexe et développé. Émotionnellement. Psychologiquement. L’auteure profite de cette profondeur pour développer une thématique de santé mentale. Cette thématique revient avec cette lecture, elle était déjà présente dans « Aime-moi, je te fuis » de Morgane Moncomble et rebelote. C’est comme si je l’avais cherchée, mais non même pas. Bref, cette coïncidence m’a fait sourire, j’ai retrouvé des éléments présents dans l’un comme dans l’autre : des peurs et des questionnements. Le trouble du comportement alimentaire est de plus en plus évoqué dans la littérature et c’est tant mieux il faut en parler. Il faut que les gens sachent ce que c’est. Il faut qu’on en parle et brise le tabou pour savoir quoi faire et pouvoir l’aider. Son entourage compte, c’est nécessaire. 

Dominique et l’autre personnage développé, elle est étrange, bizarre. Elle ne fait rien comme les autres. Elle dérange le lecteur ou la lectrice par sa bizarrerie. Elle vit la littérature à 100 à l’heure et pourtant sa vie est vide. Je ne me suis pas autant attachée à elle comme je me suis attachée à Candice. L’auteure maintient une certaine distance accentuant son côté décalé. Elle semble folle dans sa manière d’être. Tous ces éléments l’enveloppent d’une aura de mystère. J’avais envie de savoir où irait l’auteure. 

Entretemps, elle aide Candice à grandir, évoluer et avancer rien que pour ça ce personnage est intéressant. Arthur, Timothée, le fils de Candice, Clémence, Mélanie, mais aussi Faustine sont autant de personnages secondaires qui permettent de faire avancer l’histoire. Néanmoins, contrairement à Candice et Dominique ce sont des outils, ils sont bien moins développés et présents. Ça sera pour moi le gros point noir du roman, parce que je pense que l’auteur aurait pu les rendre encore plus touchants et bouleversants. Cela aurait rendu le tout prenant. Émile Zola, quant à lui, est un auteur mort décédé qui intéresse les deux protagonistes. Pourtant, il fait partie du paysage comme un troisième personnage. Candice et Dominique retracent sa vie sur son âge et sa mort. J’ai vraiment apprécié cet effet et cette impression que ce personnage étudié finalement fait partie intégrante de l’histoire de Candice et Dominique. Il est lui aussi un outil pour mieux guérir et accepter les bouleversements de sa vie. Cette vie est plus brute et moins édulcorée.

En résumé, cette écoute a été très bonne, bien que je n’ai pas eu ce coup de cœur pour la voix de narratrice de Tatiana de Rosnay. Sa voix douce rythmée ponctuée avec des pauses, il n’a ni le ton ni l’envolée qui rendrait l’histoire encore plus immersive. Pourtant c’est avec plaisir et délice que j’ai découvert Zola auprès de Candice et Dominique. L’une est à fleur de peau, l’autre est exaltée dans un autre monde. Chapeau bas à l’auteur qui m’a donné envie de renouer avec les Rougon Macquart après après une expérience désastreuse.

Note : 4 sur 5.

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