
Fragment de livre en guise de mise en bouche :
« Tu as remarqué ce parfum dans l’air ? finit par me demander Zoia alors que nous terminions notre repas.
– Quel parfum ?
– Oui, il y a… c’est difficile à décrire, mais quand je ferme les yeux et que je respire lentement, c’est plus fort que moi, ça me rappelle l’enfance. Pour moi, Londres sent toujours le travail. Paris sent la peur. Mais la Finlande me rappelle une époque beaucoup plus simple de ma vie.
– Et la Russie ? La Russie sent quoi ?
– Pendant un moment elle a senti le bonheur et la prospérité, dit aussitôt Zoïa sans avoir besoin de réfléchir. Ensuite elle a senti la folie et la maladie. Et la religion, bien sûr. Après… » Elle sourit et secoua la tête, n’osant pas conclure sa phrase.
« Quoi ? insistai-je en souriant. Dis-moi.– Tu vas me trouver sotte, répondit-elle en haussant les épaules, mais j’ai toujours imaginé la Russie comme une sorte de grenade gâtée. Bien rouge et brillante à l’extérieur, si tu la fends en deux, les graines se répandent devant toi, noires et répugnantes. La Russie me fait penser à ce genre de grenade. Avant qu’elle devienne complètement pourrie. »
Mon avis :
Les Romanov m’ont toujours intrigué depuis que j’ai vu le film d’animation de la DreamWorks. C’était un de mes préférés. J’ai dû le voir plus d’une douzaine de fois. Du coup, quand j’ai vu passer ce titre dans la blogosphère, je n’ai pas résisté longtemps.
Je ne dirais pas que c’est un coup de cœur, mais c’est une très bonne lecture. J’ai voyagé, appris et contemplé des paysages froids enneigés au smog de Londres. Cette histoire est mouvementée, mais le rythme reste contemplatif à l’image des souvenirs qui refont surface. On a envie de s’y pencher, de se rouler dedans, d’y rester et parfois de s’en extirper au plus vite.
Le début m’a déstabilisé. L’auteur commence par la fin de vie du narrateur. Il dévoile sa vie petit à petit sans suivre un ordre chronologique. Quand je l’ai découvert, j’ai eu peur d’être perdue. John Boyne nous promène dans le passé de date en date. Ces dates tournent autour d’un certain événement : avant et après. Cette manière d’organiser le récit entretient le suspense.
Gueorgui est un vieil homme quand on le rencontre pour la première fois, c’est également le narrateur de ce récit. Il n’a pas eu une vie facile, et il vient de perdre l’amour de sa vie. Elle a souffert dans sa fin de vie, mais c’est la lumière de sa vie, son unique amour. Sa mort fait remonter des souvenirs, le chemin qui lui a permis de la rencontrer. Effectivement, Gueorgui est un fils de paysan. Il travaille les terres avec son père pour le tsar. Il va faire preuve d’héroïsme et il sauve le cousin du tsar, cela lui ouvrira le palais impérial. Adieu la vie de paysan ! Et bienvenue dans le palais ! Quelle sera sa mission ? Comment rencontrera-t-il Zoïa ? Pourquoi ont-ils fui la Russie ? Que s’est-il passé à Paris ? Ensuite, ils ont déménagé à Londres. La Russie a-t-elle tout à fait disparu de leur horizon ? Ils ont traversé la Première Guerre mondiale. Comment leur existence en a-t-elle été impactée ?
Je ne connais que très peu l’histoire des Romanov. Je sais le peu qu’il y a au programme d’histoire, c’est-à-dire que le tsar et sa famille ont été tués au profit de Lénine et de l’armée rouge. Les paysans se sont révoltés, car il n’y a plus assez de pains pour les plus pauvres quand les aristocrates arrivent encore à remplir leur assiette. Cela fait échos à la Révolution française et comme celle-ci tout n’est pas blanc ou tout noir. Cependant, le dérouler m’a légèrement déstabilisé et les implications politiques sont décrites par l’auteur avec un œil critique.
En résumé : C’est une très belle fiction historique, enrichissante et fascinante.
D’autres avis sont disponible sur la toile dont celui qui m’a fait grave envie (ICI) : 5th avenue Stories, Shelunaita chronicles, La caverne aux livre de Laety, Mezou qui lit, Mademoiselle Bouquine, Pages insolites et Des livres des livres.
[…] un extrait de la page 31 de La maison des intentions particulières de John Boyne […]
[…] N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Steven, Millina, Bianca, 5th avenue, Pages insolites, Vous […]
[…] J’ai beaucoup aimé même si la trame m’a surprise de bout en bout. Je ne m’attendais pas à ça. L’auteur nous promène dans le passé de date en date. J’avais peur que ce soit la pagaille, mais tout était plutôt clair dans ma tête. La maison des intentions particulières de John BOYNE […]
Tu est la 2eme a parler des Romanov en ce moment et ton retour aiguise ma curiosité 🤩 merci !
Hihi Steven m’a énormément influencé j’avoue 😀
Belle influence à ce que je vois ! 🤩
Oui au top, il fait bien du mal à mon portefeuille. 😀
Je te crois sur parole ! 😀
Ah voici l’avis que j’attendais tant ! Je suis ravi que de te lire autant enjoué et de voir une si merveilleuse appréciation qui ne semble pas loin du coup de cœur 😉
A te lire, je revis les mêmes vives et fortes émotions qui m’ont traversé lors de ma lecture et j’avoue que je suis à deux doigts de replonger dans cette œuvre poignante et passionnante.
Si après cette lecture tu cherches quelque chose de plus théorique, sans être assommant et rébarbatif, concernant le règne des Romanov, je ne peux que t’encourager à te procurer La saga des Romanov de Jean des Cars.
PS : Magnifique photo qui met en valeur ce sublime roman 😉
Hihi elle a mis du temps à venir mais j’avoue que j’avais pris énormément de retard. Je suis contente que mon avis te plaise et merci pour la découverte.
Oui, je me le suis déjà notée.
Merci pour la photo 😀