Mon avis
Sarah Bernhardt : la meilleure actrice du monde ? Peut-être un peu trop présomptueux. La Divine, alors ? Ce n’est clairement pas l’orgueil qui l’étouffe. Pourtant, elle ose. Elle reconnaît son art, son talent, et sa dévotion totale à ses rôles. Sarah s’est perdue dans ses personnages, habitée par eux au point que son esprit volage n’a jamais vraiment connu le repos. Ce n’était pas une vie facile, mais elle trouvait le temps de se battre pour la cause de Dreyfus, de soutenir son ami Edmond Rostand et d’éviter la ruine, menaçant autant sa vie que celle de son fils.
Sandrine Kiberlain, qui incarne Sarah Bernhardt, joue ce rôle comme personne. L’actrice explique qu’il n’y avait quasiment aucune improvisation dans le film, sauf pour une scène. Tout a été répété avec soin, jusqu’à ce qu’elle fasse corps avec son personnage. Pourtant, la spontanéité de ses gestes et de sa voix donne une authenticité vibrante à son interprétation. On ressent pleinement l’exigence du personnage : Sarah dormait peu, parcourait le monde pour son art et l’argent, qu’elle dépensait sans compter, poussée par la scène autant par amour que par nécessité.
J’ai découvert bien plus qu’un simple nom sur une tasse de café. Sarah Bernhardt était un monument. Une femme libre, incomprise, libertine en amour, mais aussi avant-gardiste. Féministe avant l’heure, elle proclamait déjà au début du XXᵉ siècle que les femmes devraient pouvoir voter, avoir leur propre compte en banque et travailler pour leur indépendance. Elle le disait avec panache et revendication, n’hésitant pas à inciter les journalistes à relayer ses propos.
Sous la direction de Guillaume Nicloux, le film débute à la fin de la vie de Sarah Bernhardt, avec la Première Guerre mondiale en toile de fond. Alors qu’elle subit une opération lourde, elle affronte l’idée de la mort et tente de réconcilier Lucien Guitry avec son fils. Ces retrouvailles l’amènent à revisiter son propre passé, en particulier sa relation avec son père et son entourage proche. Sa troupe et ses amis intimes jouent un rôle clé, témoignant de la constance et des tensions qui ont marqué leurs liens, jusqu’à ce que tout explose.
Les flashbacks, fragmentés, ne suivent pas un ordre strict, mais leur agencement donne un sens global à l’histoire. Ils dessinent une Sarah Bernhardt intense, tyrannique, toujours en représentation, mais animée par des convictions profondes. Une vie loin de tout cocon.
J’ai moins adhéré à son extravagance sexuelle, qui, bien que typique de l’époque, m’a semblé sans limites. Elle redéfinit l’amour, à la fois physique et sentimental. Elle aime intensément Lucien, mais aussi d’autres hommes. Son corps n’appartient à personne, et elle se vante d’un déluge de partenaires, qui comblent un vide existentiel. Le réalisateur propose des explications nuancées à ce comportement, enrichissant la profondeur du personnage.
Sandrine Kiberlain n’est pas la seule à briller. Son majordome Pitou, drôle et impertinent, m’a beaucoup amusée. Son ton pince-sans-rire et sa gestuelle sont impeccables. Laurent Lafitte, dans le rôle de Lucien Guitry, est également impressionnant. Même lorsqu’il est renfrogné, son visage exprime mille émotions.
Les décors et costumes sont remarquables, surtout quand on sait que ce film a été réalisé avec un budget modeste et des difficultés de financement. Les films historiques nécessitent souvent des moyens conséquents, mais ici, rien ne laisse transparaître ces contraintes.
En résumé
Ce film était ma première avant-première, et c’est une réussite. J’ai appris énormément sur cette figure historique fascinante. J’ai adoré parcourir sa vie et la découvrir sous un jour nouveau. La fin m’a presque tiré des larmes, et j’ai frôlé le coup de cœur. Pour un film à petit budget, c’est un succès. Je t’invite, cher lecteur, à découvrir Sarah Bernhardt à travers cette œuvre, soutenue par des bases bibliographiques solides et des acteurs qui ont su s’approprier leurs personnages avec talent.
Notation
Synopsis
Résumé en image
Il est au top et on en apprend beaucoup sur le personnage historique 😀
Il va passer dans mon cinéma et malgré ton excellent retour, je me tâte encore à y aller lol