Coucou tout le monde,
Aujourd’hui, on se retrouve pour un extrait de Sinestra de Armelle Carbonel :

La gorge nouée, Valère murmura le prénom de sa jeune soeur si cruellement rappelée à Dieu. Son souffle forma un nuage de buée sur la vitre comme la preuve d’un contact établi entre le monde des vivants et celui des morts. Sa bouche s’étira sur un sourire amer avant de se rétracter au souvenir embarrassant de son bref passage dans la salle d’eau. Effleurer la peau de ce diable au nez crochu lui avait procuré du plaisir, un émoi érigé sous la ceinture à la mesure de son dégoût pour lui-même. Il traînait désormais la honte chevillée au corps, craignant que la nature de son mal soit divulgué. Mais Arthur l’avait prodigieusement ignoré du déjeuner au coucher, comme si Valère ne représentait qu’un spectre de plus dans les coulisses de la guerre. Il n’était peut-être que ça, au final, un fantôme admirant depuis sa chambre le visage bucolique des Grisons…