Cachée sous mon turban de Nadia GHULAM

Follow me Fragment de livre en guise de mise en bouche : Une fois rafraîchies et l’estomac plein, nous allâmes trouver le mollah et lui …

Première page #91

Cher.e.s voyageur.e.s,

Je partage avec vous le première page d’une de mes lectures passées Cachée sous mon turban de Nadia Ghulam. Il s’agit de la première page de la version numérique.

Le paradis perdu

Je n’aimais pas me doucher, mais ma mère n’était pas du genre à s’en laisser conter : — Tu ne sais donc pas que les petites filles qui ne se lavent pas se font dévorer par les poux et jeter dans la rivière pendant leur sommeil ? Cette histoire de poux m’angoissait à tel point que chaque jour je suivais ma mère jusqu’au bain sans broncher. Je fermais les yeux en serrant bien fort les paupières, tandis qu’elle versait un peu de shampoing et d’eau sur ma tête, frottant ensuite énergiquement pour produire une mousse abondante. Le pire était le démêlage : j’avais hérité des cheveux frisés de mon Pachtoune de père, et quand on me passait le peigne c’était un vrai supplice. Tandis que ma mère chantonnait pour me distraire, je chouinais : « aïe, aïe, aïe ». Un vrai duo comique ! Bien que n’ayant pas l’eau courante, nous avions mis au point un système de douche rudimentaire. Une fois libérée du douloureux rituel de la toilette, je poussais un grand « ouf » de soulagement et courais retrouver Zelmaï qui m’attendait, caché entre les grenadiers et les pins au fond du jardin. Les jours de forte chaleur, on s’amusait à s’asperger d’eau et à tourmenter les malheureuses grenouilles qui pataugeaient dans le bassin de la fontaine. Nous passions notre vie dans l’immense jardin à la végétation luxuriante et plein d’animaux. Nous en avions fait notre fief et ne rentrions dans la maison que lorsque le jardinier, oncle Ayoub, rapportait le pain chaud du petit-déjeuner.

Bonne lecture !