Premières lignes #133

Cher.e.s voyageur.e.s,

J’ai modifié le rendez-vous premier paragraphe. Et je me suis rendue compte que ma nouvelle version est très similaire à celle du rendez-vous premières lignes créées par Ma lecturothèque d’où le changement de nom

LE PRINCIPE : CHAQUE SEMAINE, JE PRENDS UN LIVRE ET JE VOUS EN CITE LES PREMIÈRES LIGNES DU RÉCIT. 

Je partage avec vous les premières lignes du livre d’une de mes lectures présentes. Je parle de Erebe de Rozenn Illiano :

ÉRÈBE
On rencontre sa destinée
Souvent par des chemins qu’on prend pour l’éviter.
Jean de la Fontaine, L’Horoscope


But dreams have ways of turning into nightmares.
Erin Morgenstern, The Night Circus


PASSÉ

1852
La neige a le goût des larmes.
Tristesse et froid mêlés, serrés comme le tressage d’une corde. Le silence qui les entoure s’apparente à
un lourd manteau, plus lourd encore que les nuages, aussi pesant qu’un boulet attaché à leurs chevilles. Au loin, un chien aboie de temps à autre.
Ils sont deux, et se tiennent debout face à une tombe tout juste refermée dans le cimetière désert. Un
frère et une sœur, à n’en pas douter, que lon pourrait prendre pour des jumeaux tant leur ressemblance est frappante : la même beauté patinée par les années, les mêmes cheveux autrefois d’encre à présent parsemés de mèches blanches, la même vêture – un costume et un manteau noirs pour lui, une robe pour elle. Deux corneilles dans la neige.
C’est elle qui est endeuillée : elle a enterré son unique fils quelques minutes plus tôt. Elle porte une voilette lui dissimulant le visage, son chagrin sur les épaules, et ce secret tranchant qu’elle partage avec son frère et qu’elle aurait voulu jeter dans le cercueil. Lui, son cadet de quelques années, la regarde de temps à autre avec inquiétude. Sa sœur s’est murée dans un mutisme obstiné qu’il pourrait bien ne plus réussir à rompre.
La cérémonie s’est déroulée dans le calme, avec pour témoin une assemblée ténue, à peine une dizaine
de personnes : des amis du défunt, ainsi qu’une voisine. A la fin de l’office, ils ont laissé le frère et la soeur, demeurés seuls afin de dire au revoir à celui qu’on a enfermé dans une boîte.

Il était si jeune… Mais le chemin qui se présentait à lui s’avérait trop dangereux, trop en ligne droite, sans détour autorisé. Avec, à chaque étape, un prix toujours plus élevé à payer. Ce qui les perd. À chaque fois.

Bonne lecture !

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