Cher(e)s voyageur(e)s,
Concernant cet essai, j’ai mis du temps à mûrir mon propos et à écrire ma chronique. Je sais que certains attendaient mon avis ;). J’avoue cette rédaction, je la redoutais, j’avais peur de ne pas savoir formuler mes idées ou même de décrire mon écoute avec justesse.

Si vous me suivez depuis un moment, vous devez savoir que je ne m’attaque quasiment jamais à des essais. J’ai peur de ce format, peur que ce soit que des termes techniques, qu’il faille ouvrir le dictionnaire toutes les 2 minutes, peur que ma lecture soit trop dense… Bref, vous l’aurez compris, je suis réticente à ce genre de lecture. Je me suis dit autant l’aborder sous un format qui me fera moins peur. Le livre audio ! J’ai procédé à une vérification primordiale avant de consommer un crédit sur Nextory. Je me suis assurée que la voix de la narratrice me plaisait. Eh oui, si je n’adhère pas à la voix, la facilité du format est supprimée. Un essai et une voix monotone, c’est dodo garanti. Heureusement, la voix Aline Afanouekoe est loin d’être monotone. En plus, elle me disait vaguement quelque chose. En rédigeant ma chronique, je me suis rappelé où je l’avais déjà entendue : sur France Inter. Aline Afanouekoe est une journaliste et animatrice. J’ai envie de dire que ça se sent. Sa diction est fluide, elle est passionnée par son texte. Elle marque une pause et souligne le propos. Elle s’approprie ce livre et son propos. En bref, une narratrice à retenir.
Maintenant passons à l’essai, Mona Chollet n’emploie pas heureusement de vocabulaire trop technique où l’on doit mettre sur pause chercher le terme, puis relancer la lecture et rebelote 5 minutes plus tard. Je vous dis ça, car il m’a été donné de lire des essais (Le livre au temps du confinement) où c’était comme cela. On écarte donc une autre de mes craintes concernant le genre.
La thématique de Mona Chollet comme le dit le titre est le féminisme. Les sorcières sont ici un prétexte pour défendre la cause de la femme et taper sur le patriarcat. Les sorcières sont des femmes et des femmes de savoir. C’est leur connaissance et leur influence qui faisait peur et poussait la société à les brûler sur le bûcher. Mona Chollet l’explique mieux que moi. Ce terme fait aussi écho à une manifestation contre Donald Trump menée par des sorcières et féministes. Tout ça pour dire que si vous lisez ce livre pour en savoir plus sur les sorcières à travers les âges, vous risquez d’être déçue, car elles ne sont finalement pas si centrales que cela.
Mona Chollet porte le féminisme comme étendard. Ces propos m’ont interrogé. Ils m’ont remué. Il faut dire que quand j’ai écouté ce livre, j’étais un peu déprimé. Je ressentais bien cette pression sociale sur les femmes célibataires. C’est sur qu’on a plus de questions sur notre vie privée : est-ce que tu as quelqu’un dans ta vie ? Si la réponse est non, as-tu déjà essayé les sites de rencontre. Et si le célibat était un choix ? Est-ce si bizarre que cela ? Un homme a moins ce genre de réaction ou alors passe trente ans. Ça peut être un témoignage d’attention, mais c’est parfois lourd. On finit par se demander « qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? » De plus, un homme âgé ayant un enfant sur le tard est également moins critiqué qu’une femme. Une femme qui se marie avec un homme plus jeune de 20 ans ça choque, mais pas l’inverse. Est-ce normal ? Effectivement, Mona Chollet met le doigt là-dessus, elle démontre comment cette différence de traitement est absurde.
Cependant, si Mona Chollet défend le célibat, elle représente assez peu la femme mariée. Elle se rappelle l’avoir oublié et dit qu’elle a une amie mariée avec un enfant. Sauf que ça tombe comme un cheveu sur la soupe comme une justification pour dire « je ne les oublie pas » ! C’était maladroit.
Malgré ce détail, Mona Chollet a réussi à m’interroger sur la condition féminine et la place de la femme dans la société. Elle m’a aidé à voir plus clair sur ce qui me dérange, ce qui me chagrine et fait évoluer mes valeurs. Contrairement à elle, je suis plus optimiste, la société évolue dans le bon sens, il faut simplement que ça continue d’évoluer.
Par contre, la dernière partie m’a fait bondir. Mona Chollet s’attaque aux soignants. Elle commence par : « je respecte les soignants, mais… » Et le « mais » dure plus d’une heure, nous allons des violences gynécologiques à l’endoctrinement du corps médical. Selon elle, les médecins sont paternalistes et nous empêchent d’être acteurs dans notre santé. Or les réformes du système de santé essaient de rendre le patient acteur de son traitement. Le paternalisme était vrai à l’époque de nos grands-parents. Je me base sur mon expérience en tant qu’étudiante en pharmacie, mais également en tant que patiente. Aujourd’hui, j’ai consulté plusieurs médecins pour souci divers et on m’a parlé, expliqué, vulgarisé et non imposé. J’ai du mal avec la généralité qu’elle a balancée à la toute fin. Elle est injuste. Le seul propos où je la rejoins, c’est que mes études ont été légèrement infantilisantes. Cependant, je ne pourrais jamais reprocher à mes professeurs de ne pas m’avoir donné les clés pour comprendre les articles scientifiques et vulgariser les données. Bref, vous aurez compris, je n’ai pas aimé cette dernière partie. Il y a des mauvais professionnels partout et pour autant on n’en fait pas des généralités. Il y a des mauvais journalistes à sensation, mais je ne vais pas dire qu’ils sont tous à la recherche du scoop sans prendre le temps de vérifier leurs sources.
La seule fois où l’on a le droit de ne pas parler à un patient. C’est quand celui-ci ne quitte pas ses oreillettes et parle au téléphone. Et encore,…





Pour la version audio, il est très abordable. L’écrit je ne peux pas juger. 😀 Je n’en sais rien, mais bon s’il passe bien en audio, il y a quand même de forte chance.
Je pense aussi qu’en audio, il y a à certains moments une impression de listing !
On le lit chacun avec son vécu et on fait attention à des points différents 😀
Ah, enfin cet avis ! Je suis content de te lire plus inspiré que je ne l’ai été et ce que tu évoques quant au délicat sujet des soignants et notamment le ton employé, je l’ai ressenti pour toutes l’oeuvre.
Je n’ai vraiment pas été réceptif et je trouve cela dommage tant le sujet développé est quand même de société et plus qu’important.
Alors moi j’ai juste le souvenir que cet essai était très abordable, sans avoir besoin de références pointu comme dans certain autres que j’ai lu et qu’il faisait un tour assez complet du sujet. Et que ça se lisait comme un polar, hihi ! Mais ça c’est juste mon avis 😉
En fait le propos est intéressant mais les généralités les desservent totalement car c’est un peu rédhibitoire selon moi.
Ma lecture date trop pour que je me souvienne des détails ou de la dernière partie en particulier. Ce dont je me souviens, c’est d’avoir été d’accord avec certains éléments, pas avec d’autres, mais ça m’avait fait réfléchir, ce qui est finalement ce que j’attends d’un essai.
Mais on est d’accord que les généralités, quel que soit le sujet, n’apporte rien au débat.
De la même autrice j’ai lu récemment Beauté fatale, c’était intéressant aussi, mais un peu brouillon, elle s’est améliorée avec Sorcières je trouve.