Mon avis
Mort sur le Nil est la suite du film « le crime de l’Orient-Express » de Kenneth Branagh. J’avais bien aimé, même si j’avais émis quelques réserves. Le casting était très bon, avec de belles surprises, mais des maladresses dans le doublage ainsi qu’un Hercule Poirot moins charismatique et plus hésitant. Ce n’était pas l’adaptation du siècle, mais une mise en bouche prometteuse. La mise en scène et les costumes étaient par contre d’un bon niveau. Puis, le fait que Johnny Depp incarne un type détestable et qu’il se fasse tuer était assez jouissif, notamment avec toute la polémique qui entoure l’acteur. Je m’égare.
Dans ce film, Hercule Poirot est plus dans son rôle, il prend de l’assurance. Son jeu est plus fluide. Kenneth Branagh met en avant un personnage froid, mais aussi sensible. Il arrive à le rendre plus humain. Il m’a convaincue. L’acteur est crédible et son doublage moins hésitant. Je n’ai pas noté ce décalage entre son aspect froid et son ton comique du doublage.
Hercule Poirot se dévoile, il a été soldat durant la Seconde Guerre mondiale, amoureux. Cette femme était amoureuse de lui. Cependant, quand il est revenu de la guerre, défiguré, l’amour n’était plus le même. Hercule Poirot avait peur du jugement de son amoureuse. Des années plus tard, il est seul. À nous de faire, nos propres analyses et déductions. S’il est devenu aussi froid, n’est-ce pas une façon de ne plus être blessée ?
L’intrigue de « Mort sur le Nil » est un grand classique, ce n’est clairement pas une surprise pour la fan de David Suchet. L’identité des assassins et leur motivation sont plutôt évidentes, même si le doute plane. Mais comment ont-ils fait ? Kenneth Branagh arrive à rendre le film prenant même si la trame n’est pas une réelle surprise. Son casting n’y est pas pour rien, comme le costume, les décors, mais aussi les plans de la caméra. J’ai eu une furieuse envie de partir en Égypte.
La scène finale en jette, elle m’a subjuguée, tristement belle. La caméra s’arrête. Elle zoome. Elle fait une pause et zoom au ralenti. Le réalisateur nous laisse le temps de digérer. Le crime est moche et le nombre de morts fait réfléchir. Pourtant, je me suis surprise à espérer que les criminels s’en sortent. Quelle ambiguïté ! C’est délectable.
Concernant l’intrigue, comme Hercule Poirot nous sommes aux premières loges pour assister au début de ce drame en trois actes. Linette, héritière richissime et charismatique, est invitée à une fête par sa meilleure amie de toujours Jacqueline de Bellefort. Celle-ci profite de l’occasion pour lui présenter l’homme de sa vie, Simon Doyle. L’attirance est magnétique entre Linette et Simon. Jacqueline de Bellefort est éclipsée. Effectivement, quelques mois plus tard, Linette épouse Simon Doyle. Il file le parfait amour, si ce n’est que Jacqueline de Bellefort les suit partout. Elle ne les laisse pas un instant tranquilles. Linette ne le supporte pas. Elle invite des amis pour fêter son bonheur récent et sa lune de miel. Hercule Poirot est invité. Est-ce un hasard ou une sureté ?
J’ai adoré l’actrice de Linette. Elle est magnétique. Ses robes et sa classe, mais aussi son allure de femme fatale à laquelle on ne refuse rien. Elle est aussi détestable que plaisante. Elle est étonnante. Elle a le sens du théâtre. Elle a cependant une adversaire à sa taille. Effectivement, Jacqueline de Bellefort joue parfaitement l’amour vengeur, l’envie de meurtre transpire de tous les pores de sa peau. Elle a les yeux revolver. Gal Gadot a une sacrée Némésis incarnée par Emma Mackey. Elle éclipse leurs collègues masculins. Une autre révélation est une amie de Linette, Rosalie Otterbourne. Elle a du panache et une prestance, mais aussi une douceur.
En résumé
Embarqué sur une croisière sur le Nil pleine de rebondissements, prenante et surprenante. Le casting fournit son lot de relations conflictuelles et de duels. C’est croustillant. Voilà une version de « Mort sur le Nil » qui est un régal pour les yeux et une belle mise en scène.

