Où vont les larmes quand elles sèchent de Baptiste Baulieue

Les paravers de Millina

il y a 11 mois

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J’ai beaucoup entendu parlé de ce livre à sa sortie et difficile de résister quand j’ai vu qu’audiolib le proposait dans ses sp. J’avoue que le titre était bien trouvé aussi. Hop je demande et Audiolib à aussitôt répondu. Je l’ai dévoré en deux trois jours. Baptiste Beaulieu confie sur le quotidien d’un médecin généraliste de village. Difficile de se maintenir à distance quand vous croisez le patient tous les jours.

Entre Alvaro et Josette, Jean notre généraliste incapable de pleurer, nous touche en plein cœur. Son empathie est lisible et une chose que je ne veux jamais perdre dans mon métier.

Que ce soit avec le patient abusif, mais aussi celui qui va vraiment mal. Cependant, le fait de contenir ses larmes face à nos patients, c’est aussi un mécanisme de défense. Voyons-nous trop d’atrocité ? Est-ce que cela nous rend insensibles ? Non, c’est simplement un mécanisme de retrait pour être dispo avec le patient suivant même si c’est vrai que s’émouvoir est fondamentalement humain et que la perte de cette faculté est perturbante. Est-ce que les premières larmes reviendront ? Est-ce que ce sera pareil dans notre vie privée ? Notre manque de larmes peut-il être vu et perçu comme un manque de compassion ?

Personnellement, j’essaie de ne pas pleurer face à un patient pour que je sois le pilier sur lequel se raccrocher s’il en a besoin. Je ne pense pas l’aider en pleurant face à sa situation ou en versant des larmes sur son sort. Par contre, même si certains de mes collègues y trouvent à redire je veux bien tendre l’épaule pour qu’ils s’y appuient. Est-ce une approche trop personnelle ? Je ne pense pas. Soignant c’est aussi soutenir ou même secouer parfois. Chacun a son approche, aucune n’est parfaite.

Jean est la petite lumière de Josette et son soutien, mais aussi une connaissance qui croit en elle et l’aide dans sa maladie. La présence n’a pas de prix. Alvaro est seul et taiseux et Jean est un lien social important dans sa vie.

Jean ne pleure pas et alors sa présence est juste lumineuse pour ses deux patients et bien d’autres. Ce livre est un questionnement et des interrogations. Le doute est mère de sûreté. J’espère que Jean retrouvera ses larmes même si ce ne sera pas forcément pour les verser en milieux professionnels.

Le narrateur a su accompagner ce témoignage touchant et surtout donner corps à ses interrogations.

En résumé

C’est un livre qui m’a fait du bien. Certes, le monde des soignants peut être gratifiant, mais il est loin d’être simple tous les jours. Parfois, être accueillant et à l’écoute n’est pas facile. Ça dépend du patient, mais c’est aussi un métier d’empathie avec de belles surprises et l’auteur n’en manque pas.