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Le gamin des ordures de Julie Ewa

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Cher(e) loulou,

Mon avis

Je retrouve la plume qui m’avait tant plu dans Les Petites Filles de l’autrice. AprĂšs avoir abordĂ© les violences faites aux jeunes filles en Chine, elle s’intĂ©resse ici Ă  un peuple : les Roms. Rarement bien accueillis, souvent victimes de discrimination — parfois fondĂ©e, mais loin d’ĂȘtre toujours juste — ils n’ont que peu d’options lorsqu’on les traite de voleurs, qu’on leur refuse tout mĂ©tier et tout droit. Les ignorer, baisser la tĂȘte ou les pointer du doigt n’a jamais permis d’endiguer les vols ni de favoriser l’intĂ©gration.

Djino, Darius et CybĂšle prennent le bus pour la France. Ils quittent la Roumanie pour un pays qu’ils imaginent plus doux et plus ouvert. Ils espĂšrent enfin s’en sortir et avoir un toit, en bois ou en bĂ©ton. Pourtant, ils troquent un bidonville contre un autre. La menace d’expulsion plane toujours, et la dette envers le camatar — 300 euros pour certains, une somme dĂ©risoire en apparence — est un gouffre pour une famille rom qui doit rembourser grĂące Ă  la mendicitĂ©. La dette double chaque mois, les intĂ©rĂȘts sont colossaux, et l’eldorado promis n’est qu’un mirage. La France n’est pas mieux que la Roumanie : mĂȘmes bidonvilles, mĂȘme rejet, avec en plus la barriĂšre de la langue.

Les Roms volent-ils par nécessité ou par volonté ?

L’enquĂȘte est prĂ©sente, mais pour moi secondaire. Ce roman est avant tout une fiction sociale, Ă  la fois intĂ©ressante et Ă©prouvante. La disparition de Darius et Djino sert surtout de prĂ©texte pour plonger dans les bidonvilles et dans le quotidien des Roms, parias parmi les parias. Lina est une jeune femme ouverte, prĂȘte Ă  tendre la main mĂȘme lorsqu’elle manque de moyens. Elle aperçoit la famille de Djino sous la pluie, sans rien Ă  manger, mais toujours animĂ©e par cet esprit de famille fascinant. Incapable de regarder sans agir, elle offre d’abord une tente, puis une aide prĂ©cieuse pour permettre Ă  CybĂšle de retrouver les siens.

Lina ne fait rien Ă  moitiĂ©. Elle a de la ressource, mĂȘme si je n’ai pas eu le coup de cƓur que j’avais eu pour Les Petites Filles. Son comportement m’a parfois agacĂ©e. Elle a construit une barriĂšre entre elle et le monde — surtout les hommes. Elle est dĂ©sabusĂ©e, et on peut le comprendre. Pourtant, elle avait l’occasion de vivre une belle histoire et n’a pas osĂ© franchir le pas. Elle le reproche ensuite, alors qu’une simple conversation aurait suffi. C’est frustrant. Heureusement, elle n’est pas la seule Ă  ĂȘtre perdue. D’ailleurs, je les verrais bien enquĂȘter ensemble lors de missions humanitaires : leur duo, mĂ©lange de piques et de rabibochages, fonctionnerait trĂšs bien. Le pince-sans-rire de Lina fait mouche, mĂȘme si sa jalousie prend trop de place.

En résumé

C’est trĂšs sympa, mais il manque une vraie complicitĂ© entre Lina et Thomas. Leur relation sonne comme un rabibochage forcĂ©, coincĂ©e dans une impasse. En revanche, la politique europĂ©enne et le racisme envers les Roms sont superbement traitĂ©s. L’autrice maĂźtrise son sujet et pousse Ă  la rĂ©flexion. Difficile, aprĂšs ça, de voir les Roms uniquement comme des mendiants ou des voleurs

Note

Note : 4 sur 5.

Citation

« L’enfant s’empara du pot, l’air mĂ©content.

– Mais ils sont rouillĂ©s, tes clous !

– Et il est pĂ©rimĂ©, ton cassoulet !

Le marchand n’était pas aussi bĂȘte qu’il le paraissait. Sans demander son reste, Darius quitta le cabanon.

Sur le platz du Chemin de Fer, le marchand avait plantĂ© son commerce clandestin dans un endroit stratĂ©gique : Ă  cĂŽtĂ© des toilettes sĂšches et du point d’eau installĂ©s par une association caritative. »

Extrait de 
Le Gamin des ordures
Julie Ewa
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Synopsis

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Résumé en image

Temps de lecture

3–4 minutes

Bonne lecture !

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