La tannerie de Célia LEVI
Mon avis :
Ce livre m’a été fortement recommandé lors d’un café littéraire à la médiathèque des Halles. Je m’attendais à une lecture enrichissante avec une thématique engagée, mais aussi à de l’humour. Si pour le premier j’ai été servi, le second s’est fait attendre.
Jeanne est une Bretonne, une campagnarde, elle est loin d’être une citadine. Elle est vite éblouie par la vie parisienne, toute brillante, vivante. Les sorties s’enchaînent, Jeanne se lie avec ses collègues. Elle est enchantée. Ses collègues lui plaisent, ils ont un petit côté fascinant. Ils sont sympathiques. Elle n’a pas besoin de se lier avec ces colocataires qui sont de toute façon dans leur bulle. Cependant, est-ce vraiment si brillant et étincelant, sommes-nous dans un monde de bisounours ?
Jeanne a l’air d’oublier son premier jour à la Tannerie. Elle était perdue. Sa référente lui parlait et expliquait son rôle avec un vocabulaire complètement inconnu. Elle doit expliquer la Tannerie au public, mais elle en sait encore moins qu’eux. Elle n’ose pas demander, elle a l’impression de devoir tout savoir. Apprendre ne fait pas partie de ses fonctions !
J’avoue que je ne serais pas à l’aise à sa place. Elle est confuse. Sylvia une ancienne semble amicale, elle l’intègre. Jeanne se sent reconnaissante, pourtant Sylvia est boudée par ses collègues et surtout elle ne sait pas parler d’autres choses que ces deux enfants. Jeanne se laisse influencer. Elle évolue dans une cour d’école au milieu d’un monde d’adultes. C’est absurde, désolant et le reflet de notre société.
Les adultes, les personnes âgées ou même les jeunes, tous ne voient que midi à leur porte. Chacun critique la génération suivante sans reconnaître ses propres torts, voilà une belle illustration de l’expression « tirer la couette à soi » ! Ce n’est pas en sachant à qui la faute que l’on fait avancer le débat. Ce chacun pour soi est poussé à l’extrême à la Tannerie. Sous un projet d’intégration et d’ouverture sur la culture, les directeurs font enchaîner des CDD à leurs employés payés au SMIC. Quel traitement est de faveur ! Quelle gentillesse ! N’exagérons rien !
Avec Jeanne, la lectrice se laisse porter par l’espoir que ce projet soit beau sur le papier et dans la vraie vie. Les désillusions s’enchaînent. Prenant, mais également mélancolique, puis l’histoire n’avance plus ! La vie est en suspens. J’ai accroché décroché et la romance ou pseudo romance m’a clairement laissé de marbre. Triste, c’est le mot.
Célia Lévi à travers ce roman traduit un mal-être, une sorte d’incompréhension sociale et une impossibilité à s’intégrer. Elle met en avant une distance sociale créée par les réseaux sociaux. Les relations humaines restent tellement superficielles. L’histoire aurait gagné du piquant à être allégée de quelques pages et des chapitres plus courts, notamment en finissant sur un cliffhanger. Cela aurait renforcé l’attente. J’aurais aimé avoir une protagoniste vivant un peu plus ses émotions : illusions et désillusions.
En résumé :
Ce livre n’est pas pour moi, même si certaines thématiques et interrogations de l’auteure font échos aux miennes. Si le début est prenant, la lecture crée l’attente de mouvement finit par s’éteindre et l’intérêt aussi. C’est dommage, un peu plus d’émotions, des coupures, plus de paillettes. Les mots de la fin sonnent comme inachevés.
Note :
Citations :
Jeanne sentait que des bases théoriques lui manquaient, qu’elle n’était pas rompue à l’art du discours. Elle réussissait désormais à intervenir, apporter des précisions, des miettes recueillies ici ou là, mais dès qu’il s’agissait de convaincre ou de réfuter, elle était démunie, tout s’effondrait, n’était plus sûre de rien, pas même de ce qu’elle défendait.
Synopsis :
Mes avis sur d’autres livres de l’auteure :
Rien
Autres avis :
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